Littérature étrangère
Etaf Rum
Mauvais Œil
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Etaf Rum
Mauvais Œil
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Diniz Galhos
Les éditions de l’Observatoire
02/01/2025
300 pages, 23 €
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Chronique de
Sarah Gastel
Librairie Adrienne (Lyon) - ❤ Lu et conseillé par 16 libraire(s)
✒ Sarah Gastel
(Librairie Adrienne, Lyon)
Après le succès du Silence d’Isra (Les éditions de l’Observatoire, 2020), l’autrice Etaf Rum décortique l’emprise patriarcale et communautaire à travers le portrait vibrant d’une jeune femme en quête d’elle-même.
L’héroïne de Mauvais Œil possède, en apparence, tout pour être heureuse. Jeune femme américaine d'origine palestinienne, elle vit en Caroline du Nord avec son mari Fadi et ses deux filles, travaille dans une université et aspire à devenir professeur d'art à plein temps. Pourtant, depuis des mois, Yara, tiraillée entre son héritage familial (qui lui inculque depuis toujours la nécessité d’être une épouse parfaite) et le désir de s’engager sur une nouvelle voie, se réveille chaque jour avec le sentiment tenace de n'être nulle part à sa place. Avec la certitude qu’il y a plus à espérer de la vie que l’existence qu’elle mène. Un jour, elle est convoquée pour une faute disciplinaire. Tandis que sa mère suggère qu’une malédiction familiale pourrait en être la cause, Yara est invitée à suivre des séances avec un psychologue. Pour cette famille palestinienne, où il est mal vu de se raconter, où la santé mentale y est taboue, c’est la goutte de trop. À travers le portrait de Yara, l’autrice, avec générosité et précision, à la faveur d’une narration immersive et intimiste, conte le destin de la deuxième génération d’immigrés palestiniens aux États-Unis et interroge ce que l’identité devient lorsque notre héritage et nos mondes intérieurs sont remis en question et réécrits. Mauvais Œil, délicatement tissé autour de la quête de soi, est un roman sur la manière dont les traumatismes passés peuvent menacer notre bonheur futur. Il revient aussi sur l’histoire de la Palestine et de son peuple, distillée à travers de nombreux motifs tout au long du roman, et notamment à travers le personnage de Teta, la grand-mère maternelle. Un lumineux portrait de femme qui s’éveille progressivement à elle-même, traduit de l’anglais par Diniz Galhos.