Beaux livres

Rachid Koraïchi

Une anthologie des poésies arabes

✒ Sarah Gastel

(Librairie Adrienne, Lyon)

« Fi des banalités en bloc ! / Vive l’amour ! Il te faut boire. / Bois le vin clair comme œil de coq, / d’une gazelle blanche et noire ! / Le vin d’or a des reflets bleus. / Son allégresse est sans rivale. / Il saute comme une cigale. »

De la poésie arabe, le lecteur connaît sans doute Adonis ou Mahmoud Darwich, mais elle compte, depuis quinze siècles, de nombreux autres génies du verbe, de Al-Mutanabbî au Libanais Georges Schéhadé. De tradition millénaire, elle est une réalité toujours vivante, foisonnante de richesse et de diversité, qui dit l’universel et l’intemporel. S’y plonger avec curiosité, c’est la promesse de trouver des mots qui fassent écho, à l’image des vers reproduits ci-dessus et composés au viiie siècle par Abû Nuwâs, l’un des plus grands poètes bachiques de tous les temps. Ses mots sont extraits de cette magnifique Anthologie des poésies arabes, ouvrage bilingue franco-arabe associant poésie et calligraphie. L’ouvrage est une excellente introduction pour qui souhaite découvrir la poésie arabe. Réunissant une cinquantaine de voix de toutes époques, tels Al-Khansâ’ (575-645), la plus célèbre des poétesses arabes, plus particulièrement connue pour ses élégies, le poète arabo-andalou Ibn’Arabï, le Syrien Nizar Kabbani, qui familiarisa le grand public avec la poésie moderne, ou encore le grand écrivain algérien Kateb Yacine, cette anthologie transmet une parole qui continue de retentir, des siècles, des décennies plus tard. Dans une douce harmonie, les images de l’artiste plasticien algérien Rachid Koraïchi accompagnent le lecteur tout au long du recueil. Artiste sans frontières, dont les créations sont exposées dans le monde entier, il réinvente une culture, entre tradition et modernité. Mélange de poésie, de puissance et de liberté, son travail se situe « entre la profondeur des méditations et le dynamisme de la vie ». Poursuivant ce dialogue, l’artiste entend, avec cette anthologie, déclencher « un appétit de savoir pour ce qu’a été et ce qu’est aujourd’hui la culture arabe ».

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