Littérature étrangère
A. Igoni Barrett
Love is Power, ou quelque chose comme ça
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A. Igoni Barrett
Love is Power, ou quelque chose comme ça
Traduit de l’anglais (Nigeria) par Sika Fakambi
Zulma
03/09/2015
346 pages, 22 €
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Chronique de
Sarah Gastel
Librairie Adrienne (Lyon) -
❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Catherine Le Duff
- Aurélie Janssens de Page et Plume (Limoges)
- Annie Maubourguet de Le Jardin des lettres (Andernos-les-Bains)
- Sarah Gastel de Adrienne (Lyon)
✒ Sarah Gastel
(Librairie Adrienne, Lyon)
Lagos, ses faubourgs tentaculaires, sa population à la croissance endémique, ses fameux go-slows, ses bidonvilles sur pilotis, ses minibus jaunes, ses lumières tremblotantes, son cinéma nollywoodien... et Igoni Barrett !
Après l’excellent Notre quelque part de Nii Ayikwei Parkes et le tout aussi fameux recueil de nouvelles Snapshots, Zulma poursuit son exploration des terres africaines, vivier de jeunes auteurs talentueux, avec la complicité de la traductrice Sika Fakambi. La littérature anglophone d’Afrique est plus vivante que jamais, et Love is Power, ou quelque chose comme ça, couronné par plusieurs prix prestigieux, en est une belle illustration. Avec ce recueil survolté de neuf nouvelles, A. Igoni Barrett nous plonge dans la plus grande ville du continent africain, Lagos, au Nigeria. Grâce à son écriture descriptive et nerveuse, épousant avec adresse le pouls de cette cité-monde, l’immersion est totale ! De l’odeur entêtante du gazole, aux « clameurs de cette populace à la réputation mondiale de grande gueule ». Et c’est dans ce microcosme, nourri de fureur et d’espoir, au chaos inquiétant, que l’auteur esquisse le quotidien de ses habitants. Il y a ainsi l’inoubliable Maa, une vieille femme épuisée contrainte de subir une opération des yeux et dont les conversations avec son chat émaillent le récit. Sous le regard impassible de l’animal, la vieille dame s’interroge sur l’amour de ses enfants. On découvre aussi l’espiègle Samu’ila, « spécialiste des mœurs du cyberespace », qui se fait passer pour une jeune veuve auprès d’un retraité américain afin de lui extorquer de l’argent, ou encore le policier Eghobamien Adrawus, qui se comporte en tyran, aussi bien dans sa vie professionnelle qu’à la maison. Mélangeant les milieux et les générations, l’auteur offre des variations sur l’amour, le pouvoir et la solitude, tout en explorant certaines des caractéristiques de la tentaculaire Lagos, comme la pauvreté, la violence, la corruption, etc. Love is Power, ou quelque chose comme ça est un livre électrique, débordant de générosité et de vitalité. Et aussi cruel que peut l’être le réel.