Littérature étrangère
Alaa El Aswany
Au soir d'Alexandrie
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Alaa El Aswany
Au soir d'Alexandrie
Traduit de l'arabe (Égypte) par Gilles Gauthier
Actes Sud
04/09/2024
432 pages, 23,50 €
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Chronique de
Sarah Gastel
Librairie Adrienne (Lyon) - ❤ Lu et conseillé par 17 libraire(s)
✒ Sarah Gastel
(Librairie Adrienne, Lyon)
Six ans après J’ai couru vers le Nil, grand roman de la révolution égyptienne de 2011, Au soir d’Alexandrie signe le grand retour de la figure de proue de la littérature égyptienne, Alaa El Aswany.
À la fin des années 1950, à Alexandrie, cité cosmopolite au bord de la Méditerranée, ville mythique caractérisée par un étonnant mélange de communautés, d’identités, de langues et de cultures, une bande d’amis se retrouve régulièrement le soir dans un bar pour deviser, refaire le monde et se chamailler au sujet de Nasser. Car si maître Abbas, avocat, et son épouse Noha, Anas, peintre cherchant des visages qui l’inspirent dans la rue, Chantal, ressortissante française, propriétaire de la librairie Balzac, Tony, Égyptien d’origine grecque à la tête d’une chocolaterie, ainsi que Carlo et Lyda, qui dirigent le restaurant où ce petit microcosme se rejoint, sont unis par un attachement profond pour leur ville, ils sont également divisés face à la figure charismatique du nationalisme arabe qui travaille à une redéfinition de l’identité égyptienne. Comme à son habitude, l’auteur de L’Immeuble Yacoubian rend la multiplicité des vies, toutes classes sociales confondues, en rassemblant une ronde de personnages qui se croisent, se fréquentent, s’aiment ou se tuent, dans un roman haletant construit selon une technique feuilletonesque. Au-delà de ce tableau de mœurs irrésistible, Alaa El Aswany met en scène une société en train de perdre ses repères, où la volonté du pouvoir est la loi, la corruption endémique et le mensonge légion. Il décortique de quoi est faite une dictature ainsi que la destruction intime qu’elle provoque chez les individus. Loin de raconter la seule Égypte de Nasser, l’auteur donne à voir, dans un jeu de miroir, les difficultés que traverse son pays aujourd’hui et fait du temps un personnage à part entière pour célébrer les illusions perdues, la nostalgie d’un cosmopolitisme alexandrin d’antan et l’amitié. Une belle fresque douce-amère pleine de tendresse.