Littérature étrangère

Colum McCann

Treize façons de voir

  • Colum McCann
    Traduit de l’anglais (Irlande) par Jean-Luc Piningre
    Belfond
    04/05/2016
    305 p., 20.50 €
  • Chronique de Aurélie Janssens
    Librairie Page et Plume (Limoges)
  • Lu & conseillé par
    13 libraire(s)
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Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

Colum McCann aime dresser des ponts entre les continents, entre les hommes, raconter les liens qui se créent, la magie des rencontres. Parfois la vie défait ces liens… et sa propre histoire fait douloureusement écho à celle que l’on écrit.

Dans les quatre nouvelles et le court roman qui composent ce nouveau recueil, le monde tient en quelques pages. Ce qui fait le lien entre les divers pays traversés ? Les hommes. Qu’ils émigrent, attendent des nouvelles de leurs proches, traversent les océans pour régler certains comptes, les personnages de Colum McCann entreprennent un voyage qui va bien au-delà du simple mouvement physique. Il s’accompagne souvent d’un voyage intérieur extrêmement poignant, un voyage qui bouleverse les certitudes, remet tout à plat, un voyage qui peut tout réduire en une fraction de seconde et dont il est difficile de se relever. Dans le court roman qui ouvre le recueil, un vieux monsieur se fait agresser à la sortie d’un restaurant. Les policiers tentent de restituer ses derniers instants à l’aide des différentes caméras de surveillance qui quadrillent les rues. Mais ce jour-là, il neige et les angles des caméras ne révèlent pas grand-chose. Dans la deuxième nouvelle, l’auteur relate la nuit de la saint-Sylvestre d’une jeune femme militaire en Afghanistan, qui essaye de joindre sa compagne aux États-Unis. Puis nous partons en Irlande rejoindre Rebecca et son fils Tomas, adopté en Russie. Tomas est un jeune homme atypique qui cause bien des frayeurs à sa mère. C’est à Londres, ensuite, que nous accompagnons sœur Beverly, partie en quête de Carlos, un homme horrible qu’elle croyait avoir enfoui dans un passé cauchemardesque… Si Colum McCann montre une rare empathie pour ses personnages, c’est que la réalité a rejoint la fiction et qu’à la violence de ces nouvelles a répondu celle de sa propre vie. Des textes qui questionnent l’humanité dans sa complexité et parfois son côté irrationnel. Essentiels, tout simplement.

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