Littérature française

Sébastien Rongier

78

Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

Que faisait-on en France en 1978 ? En dehors des faits divers et des événements historiques, journalistiques, entrons avec Sébastien Rongier dans l’intime, le vrai.

Une ville moyenne de province, Sens, dans l’Yonne, un bar, un samedi soir. Des tabourets, des œufs à la coque au comptoir, un juke-box, un flipper, des billets de cent francs et des cigarettes. J’en entends certains pousser des soupirs nostalgiques. Pour d’autres on entre déjà dans la fiction. Un homme et un enfant entrent, s’installent au comptoir, une menthe à l’eau pour le petit. L’homme lui demande d’attendre. Il sort chercher du pain et revient dans cinq minutes. Le môme attend, attend... Ils ne sont pas seuls, à l’intérieur de ce bar. Il y a les habitués, le petit vieux qui tend encore machinalement la main vers son chien mort depuis quelques jours, la jeune fille qui s’apprête à refuser une demande en mariage parce qu’elle n’a pas envie de finir femme de boucher alors qu’elle rêve d’études, de liberté, et celle qui attend désespérément son amant plongé dans un livre et dans le Get27, un groupe de militants FN qui essaie de convaincre le patron du bar de se joindre à l’équipe qui se présentera aux prochaines élections. Et il y a les employés, leur histoire. De cette mosaïque d’instantanés, Sébastien Rongier tire un roman juste, sensible, délicat, saisissant une époque dans ce qu’elle a de plus vrai et de plus humain.

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