Littérature française

Ingrid Thobois

Le Plancher de Jeannot

Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

Art brut ? Œuvre d’un fou ? Le plancher de Jeannot exposé à l’hôpital Sainte-Anne à Paris est à l’origine d’une histoire fascinante. Plongeons dans la folie…

Une petite ferme dans un village de la France profonde, début des années 1960. Jeannot revient d’Algérie. Il s’y est engagé volontairement afin de fuir un destin qu’on lui imposait. Ce retour, provoqué par le suicide de son père, un homme violent, soulage sa jeune sœur Paule, « simple d’esprit » restée à la ferme avec leur mère. Elle se rend néanmoins compte que Jean a changé. Il a dû voir et faire des choses en Algérie qui ont profondément modifié son regard, son âme. Plus taciturne et torturé, il se renferme et Paule l’accompagne dans cette folie, cet enfermement physique et moral. Ce texte puissant d’Ingrid Thobois commence par la fin, au moment où le vétérinaire découvre cette ferme réduite à l’abandon dans lequel se sont enfermés Jean, complètement fou, Paule, et leur mère, qui n’est guère plus qu’une ombre. Le récit syncopé et poétique est raconté par Paule, qui effectue des va-et-vient entre le présent du récit et l’histoire familiale décousue, morcelée. Ce bref roman nous fait entrer de plein fouet dans une folie incroyable tellement elle est ordinaire. Ce plancher est aussi l’objet d’un autre texte plus ample publié Aux Forges de Vulcain, le premier roman de Cathy Jurado-Lécina intitulé Nous tous sommes innocents... Vraiment ?

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