Littérature française

Jacques A. Bertrand

Comment j’ai mangé mon estomac

Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

« J’ai la rate qui s’dilate, j’ai le foie qu’est pas droit… » Si les organes de Gaston Ouvrard ne sont pas en place, l’estomac de Jacques A. Bertrand lui a joué un tour dont il se serait bien passé.

C’est sous les traits d’Anatole Berthaud, double bien connu des lecteurs de Bertrand, que ce triste épisode nous est raconté avec beaucoup de malice et de facétie. Depuis toujours tracassé par des reflux, des ulcères et des crampes, il se doutait bien qu’un jour cet estomac défaillant lui réserverait une dernière surprise : une tumeur maligne dont il doit se faire opérer. Les suites de l’opération et les traitements sont lourds. Au même moment, on découvre chez sa femme un kyste au sein, suivi un peu plus tard d’un coma lié à un malaise. Tout cela aurait de quoi déprimer n’importe quel quidam. C’est sans compter le talent créatif et l’humour de Jacques A. Bertrand, qui s’empare de ces événements et qui, à la faveur d’après-midi « d’emprisonnements » hospitaliers, mêle habilement réflexions sur le corps, la maladie, le temps qui passe et ce que l’on fait de nos vies, avec la finesse et le talent qui lui sont propres. Il transcende la maladie pour en faire un petit objet littéraire poétique, drôle et passionnant. Souhaitons-lui, malgré tout, un prompt rétablissement !

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