Littérature étrangère

Gísli Pálsson

L’Homme qui vola sa liberté

illustration

Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

Lorsque l’on évoque le terme d’esclave, souvent l’image d’un homme noir, déguenillé, dans un champ de coton, nous vient en tête. Si cette image correspond à une forme d’esclavage, elle ne recouvre pas tous les visages, toutes les formes qu’a pu revêtir le fait de soumettre un autre être humain à la servitude, le privant de la plupart de ses droits. Dans son essai, publié sous une forme revue et corrigée, Alain Testart définit l’esclavage selon deux critères : « L’esclave est un dépendant : 1, Dont le statut (juridique) est marqué par l’exclusion d’une dimension considérée comme fondamentale par la société. 2, Et dont on peut, d’une façon ou d’une autre tirer profit. » Il distingue l’esclavage interne de l’esclavage externe et rappelle qu’une forme d’esclavage pouvait même exister au sein de certaines tribus primitives. L’esclavage est lié au pouvoir, à l’économie, deux notions rarement exclue de tout groupe humain. Un autre anthropologue a choisi de traiter de l’esclavage sous une autre forme. Gísli Pálsson a mené une enquête sur Hans Jonathan, un esclave « mulâtre » danois, né sur l’île de Sainte-Croix d’une mère noire esclave et d’un père blanc dont il a réussi à trouver la trace. Pourquoi avoir choisi de parler de cet homme en particulier ? Car son destin est hors du commun, il a réussi à « voler sa liberté ». Extrêmement bien documenté, regorgeant d’archives, de cartes, de photos, d’actes notariaux, Gísli Pálsson raconte ce que représentait l’esclavage à une époque pour un pays en pleine mutation sur ce sujet. Notamment du côté du droit. Si ces deux textes témoignent d’un passé, il est bon de rappeler qu’ils trouvent écho dans une réalité toujours présente aujourd’hui dont on ne parle malheureusement pas assez.

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