Littérature étrangère

J.R.R. Tolkien

Le Hobbit illustré

illustration

Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

Il va pourtant falloir choisir votre camp ! Que vous préfériez la hache à deux mains, l’arc ou le marteau, que vous fassiez preuve de bravoure, de ruse ou de cruauté, vous trouverez à coup sûr le manuel de campagne ou le guide qu’il vous faut au pied du viir (« arbre » en elfique), le soir de Noël.

Sebastian Venghaus, anthropologue royal, nous envoie d’Hoïm trois guides passionnants pour mieux comprendre trois « peuples » guerriers. Le premier, consacré aux Elfes, est une traduction du Na Shain Tiir, leur « Art de la guerre ». Afin de rendre une version plus juste, il a passé un an parmi ce peuple pourtant réputé impénétrable pour mieux en saisir les coutumes, croyances et tactiques sur un champ de bataille. Revêtus de peaux-de-feuilles ou de peaux-de-dragons, ils préfèrent les armes légères, plus pratiques pour attaquer à distance. Cavaliers émérites, ils maîtrisent la magie qui permet de soigner ou d’asséner les attaques les plus violentes. Néanmoins, ils ne recourent à cette violence que pour se défendre, contrairement aux Orcs qui ne jurent que par la brutalité. Avides de régner sur le monde entier, nous découvrons le Code que suit cette race belliqueuse et cruelle. Recueillis au péril de sa vie, ces témoignages aident Sébastien Venghaus à mieux appréhender leurs techniques martiales. Il existe plusieurs sortes d’Orcs, du troll au berserker en passant par le chaman, chacun ayant pour objectif de détruire afin d’étendre l’empire. Enfin, il est un autre peuple sachant manier le marteau à deux mains ou la hache, ce sont les dvergiirs, les Nains. Ils sont surtout réputés pour leur force et leur loyauté. Dans le « Manuel de campagne », nous apprenons les bases de leur stratégie militaire ainsi que leurs tactiques et les armes utilisées pour vaincre l’ennemi. Talentueux artisans de la pierre et du métal, ils abhorrent la magie et préfèrent mener le combat sous terre. Ces créatures font parties d’un autre monde que vous connaissez désormais bien, celui de Tolkien et de son fameux Hobbit, Bilbo. L’an dernier, les éditions Christian Bourgois nous avaient gâtés avec trois versions de cette œuvre retraduite et augmentée, selon les volumes, d’illustrations d’Alan Lee ou de commentaires éclairant l’œuvre. Cette année, vous pourrez en découvrir deux nouvelles versions soignées et magnifiques. La première, entièrement toilée, est illustrée par Jemima Catlin, sollicitée par Christopher Tolkien, le fils de l’auteur, pour proposer à un public plus jeune un ouvrage de qualité. La seconde, dite « de luxe », est à demi-reliure bleue estampée en rouge et décorée à la feuille d’or sur contre-plats gris. Contenant des illustrations de Tolkien en couleurs ainsi qu’une carte dépliante de Thror, l’ouvrage n’est disponible que pour une durée limitée. Enfin, avec l’aide de Tolkien fils, les éditions Christian Bourgois continuent de mettre à l’honneur le travail du père en proposant La Chute d’Arthur, un poème inédit et inachevé dont il est fait mention une seule et unique fois dans une lettre de 1955. Proposée dans une version bilingue et augmentée d’un appareil critique, on y admire le talent avec lequel Tolkien rend compte de manière personnelle de cet épisode de la tradition arthurienne à l’aide d’une ancienne versification en allitération. Un peu de poésie en ce jour de Mittvinterhelg, sorte de Noël chez les Nains, ne nous fera pas de mal !

Les autres chroniques du libraire