Littérature étrangère

Edgar Allan Poe

Histoires inquiétantes

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Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

Cette année, Noël sera gothique ou ne sera pas. Ressortez vieilles robes en dentelle, toiles d’araignées, châteaux en ruine et faites-vous plaisir en tremblant d’effroi au fond de votre lit, grâce au grand prêtre du fantastique Edgar Allan Poe.

On vous laisse le choix du format ! Si vous tenez à trembler dans le métro, dans la salle d’attente, ou à l’occasion de n’importe lequel de vos déplacements, emportez deux Histoires inquiétantes, recueil publié par Les Carnets de l’Herne regroupant « Bérénice » et « Ligeia », deux muses du poète devenues l’ombre d’elles-mêmes par un étrange maléfice, deux créatures fantomatiques aux dents longues et blanches entourées de lèvres pâles et sans vie. Deux odes funestes où se mêlent la féminité et la mort, chefs-d’œuvre du romantisme noir. Ces deux nouvelles sont issues de deux recueils plus vastes, Les Histoires extraordinaires et Les Nouvelles Histoires extraordinaires, publiées et traduites pour la première fois en français par Charles Baudelaire en 1856 et 1857. Bien qu’imparfaite et parfois contestée, c’est dans cette traduction toutefois sublime que les Éditions Courtes et Longues ont choisi de rééditer les contes. Ce qui est intéressant dans cette réédition, c’est surtout ce qu’en a fait l’éditeur spécialisé dans le livre d’art. Les gravures et les illustrations de l’artiste irlandais Harry Clarke, qui ornaient les éditions américaines Tudor et anglaises Brentano’s de 1919, ont été conservées. Qu’elles soient en noir et blanc ou en couleur, il se dégage de ces dessins une angoisse obsessionnelle et un sentiment d’étrangeté qui retranscrit parfaitement l’inquiétant univers des nouvelles. Ensuite, le livre en soi est une pure merveille d’édition : une couverture façon galuchat rouge sang où s’impriment en creux argenté le titre et les dessins, une reliure cousue, un papier crémeux au grain particulier, le tout afin de réinterpréter, selon l’éditeur, « les bibliothèques prestigieuses du XIXe siècle comme celles de Hetzel, l’éditeur de Jules Verne. » Un très beau travail pour découvrir ou redécouvrir ces contes fantastiques, qui nous ont fait passer quelques terribles nuits blanches et sont sur le point de revenir hanter notre sommeil.

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