Littérature française

Loïc Merle

L’Esprit de l’ivresse

illustration

Chronique de Linda Pommereul

Librairie Doucet (Le Mans)

Roman coup de poing de la rentrée littéraire, L’Esprit de l’ivresse de Loïc Merle met en scène une révolution urbaine dans une cité parisienne. On est terrifié par le récit et touché par la grâce d’un texte d’une rare beauté.

Youssef Chalaoui rentre chez lui, dans cette cité où il vit depuis des années. Fatigué mais tranquille, son esprit vagabonde quand il est arrêté par une patrouille de police pour un contrôle d’identité. Youssef a l’habitude des contrôles, alors il reste calme et répond aux questions des policiers avec beaucoup de respect. Pourtant cette fois, rien ne se passe comme prévu. Malgré l’apparente sérénité de Youssef et sa docilité face aux policiers, un drame se produit qui provoque l’embrasement de la cité. Dans un paysage dominé par des barres d’immeubles situées à la périphérie des villes, dans des zones où le chômage et la pauvreté règnent et forment une sorte d’enfer terrestre, les équilibres sont précaires. Année après année, dans l’indifférence générale, les frustrations grandissent, la colère gronde jusqu’à la révolte. Sur la quatrième de couverture, l’éditeur indique qu’il s’agit d’un roman « à l’ampleur et à l’ambition rare ». Un vrai roman social, une fresque à la Zola, mais avec toute la modernité et la complexité de la société du xxie siècle. Loïc Merle a imaginé les conséquences que pourraient avoir en France des émeutes de grande ampleur si elles débouchaient sur une révolte généralisée. Loïc Merle livre un premier roman d’une étonnante puissance littéraire, aux descriptions à couper le souffle. Il sonde avec une justesse incroyable les relations humaines. Il y a dans ce roman tous les ingrédients pour créer l’engouement et le trouble. Le lecteur est pris dans un tourbillon de sensations, où se mêlent la beauté de l’écriture, le raffinement de la réflexion et la manière de raconter l’histoire de ces hommes pris dans la tourmente et le chaos. On a l’impression d’entendre les petites voix dont parle Loïc Merle. La révolte gronde et nous le savons. La réalité est parfois si proche de la fiction.

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