Littérature étrangère
Geraldine Brooks
L'Autre Rive du monde
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Geraldine Brooks
L'Autre Rive du monde
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Anne Rabinovitch
Belfond
21/11/2024
384 pages, 21 €
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Chronique de
Linda Pommereul
Librairie Doucet (Le Mans) -
❤ Lu et conseillé par
2 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Linda Pommereul de Doucet (Le Mans)
✒ Linda Pommereul
(Librairie Doucet, Le Mans)
Ce roman s’inspire de l’histoire de Caleb Cheeshahteaumauk qui, en 1665, fut le premier Indien à intégrer Harvard. C’est aussi un texte dense et lumineux qui nous fait partager la vie des colons au xvii e siècle.
Geraldine Brooks est l’auteur de six romans, dont La Solitude du docteur March , roman puissant et captivant qui revisite le destin d’un grand humaniste perdu dans les tourments de l’Histoire. Geraldine Brooks vit sur l’île de Martha’s Vineyard, dans le Massachusetts, cadre qu’elle a choisi pour L’Autre Rive du monde . Passionnée d’Histoire du xvii e siècle, elle s’inspire d’un fait réel, l’inscription du premier Indien à Harvard, pour nous raconter l’arrivée des calvinistes sur cette île située au large de Cap Cod. John Mayfield, pasteur calviniste, vient s’installer sur une terre peuplée par les Indiens Wanpanoag dans le but de les évangéliser. Depuis la mort de sa femme, il s’occupe seul de son fils et de sa fille, Bethia, jeune femme brillante mais discrète, qui organise la vie de la famille selon les préceptes de sa religion. À la lecture de son journal intime, on sent pourtant ses frustrations face à ce système patriarcal où la femme se doit de garder son rang et ne peut prétendre poursuivre des études. Lors d’une escapade, elle rencontre le fils du chef de la tribu. Ils deviennent inséparables et partagent leurs savoirs. Elle lui enseigne l’anglais et les saintes écritures, tandis qu’il lui montre les rituels de ses ancêtres. Au fil de leurs échanges, Bethia est partagée entre des sentiments et des émotions contradictoires. À la fois jeune fille obéissante partageant les devoirs de sa communauté, elle sent grandir en elle un sentiment d’indépendance. Lorsqu’une épidémie de variole décime la tribu de Caleb, le fils du chef trouve refuge chez les Mayfield. Le pasteur est à son tour séduit par l’intelligence du jeune homme, qu’il entreprend d’éduquer comme son propre fils. Il veut faire du garçon un modèle d’intégration et de conversion. Bethia, elle, continuera de vivre dans l’ombre de Caleb.
Le tour de force de l’auteur est de parler des conditions de vie mal connues des premiers colons par le biais de l’itinéraire d’une femme passionnée, entravée par les codes très puritains du xvii e siècle.