Littérature étrangère

Davide Enia

Sur cette terre comme au ciel

illustration

Chronique de Linda Pommereul

Librairie Doucet (Le Mans)

Romanesque et captivant du début à la fin, un premier roman maîtrisé tant par la technique narrative que l’intrigue. Des personnages inoubliables et hors du commun dans une langue précise et lyrique. Du grand art.

Une photo en noir et blanc, un titre éloquent ; il n’en faut pas plus parfois pour vous donner envie de découvrir un nouvel auteur. Et quelle heureuse surprise, car le charme opère dès les premières pages. Sur cette terre comme au ciel est un premier roman réussi, un roman d’apprentissage exceptionnel. Palerme, les années 1980. Dans une ville sale et violente gangrenée par la Mafia, un jeune garçon de 9 ans, Davidu, élevé dans une famille de boxeurs tente de trouver sa voie dans un monde où seule règne la loi du quartier. Dans l’ombre de son père, un boxeur de talent mort peu avant sa naissance au moment de combattre pour le titre national, il grandit sous le regard vigilant et viril de l’oncle Umbertino, boxeur déchu grand séducteur devant l’Éternel. Les personnages de Davide Enia sont des électrons libres. Ils font leur apparition comme des boxeurs sur un ring en quête de la victoire finale, parfois de manière brève et brutale, car chacun d’eux possède sa zone d’ombre et sa ligne de faille, notamment le grand-père qui a survécu à la captivité en Afrique. Davidu porte cet héritage fait de gloires et de défaites. Une galerie de personnages secondaires anime ce roman choral et gravite autour de Davidu. Il y a son fidèle compagnon Gerruso, mais aussi la belle Nina dont il est amoureux et pour laquelle il ira jusqu’à se battre sous le regard fier de son oncle Umbertino. Dans ce premier roman remarquable, Davide Enia raconte cinquante ans d’Histoire, de la campagne d’Italie en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale, à la toute-puissance de la mafia sur la ville. Témoignant d’une maîtrise à couper le souffle, Davide Enia dresse un portrait sans concessions d’un monde féroce, tout en y instillant la poésie de sa langue, celle, rude et chatoyante de sa terre, la Sicile.

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