Essais
Évelyne Grossman
Éloge de l’hypersensible
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Évelyne Grossman
Éloge de l’hypersensible
Minuit
02/02/2017
217 pages, 19 €
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Chronique de
Linda Pommereul
Librairie Doucet (Le Mans) -
❤ Lu et conseillé par
3 libraire(s)
- Florence Zinck de Sauramps Comédie (Montpellier)
- Camille Hacquard de Aux vieux livres (Châteaugiron)
- Sophie Todescato de Les Temps modernes (Orléans)
✒ Linda Pommereul
(Librairie Doucet, Le Mans)
Évelyne Grossman, grâce à cet Éloge de l’hypersensible, réhabilite un sentiment considéré comme une faiblesse qu’il faudrait cacher, quand il n’est pas réduit à une simple qualité féminine ! Pourtant, son incroyable force est source d’un important potentiel créatif.
Professeure de littérature, ancienne présidente du Collège international de philosophie, Évelyne Grossman a conçu un livre dense, fruit d’un travail d’analyse rigoureux autour notamment de la relecture de l’œuvre de Deleuze. Elle ancre son propos dans l’étude de quatre œuvres qu’elle considère hypersensibles, celles de Deleuze, de Barthes, de Duras et de Louise Bourgeois. Elle renoue avec ce postulat étudié par Nietzsche : l’affectivité constitue la base de toute pensée. « La sensibilité n’est plus à entendre comme faiblesse, passivité d’un sujet aisément heurté par l’hostilité ou la violence du monde extérieur. La sensibilité est la faculté de capter des forces, de s’en nourrir et d’accroître notre puissance d’agir. » Elle explore la puissance créatrice dégagée par cette singularité qui permet d’explorer les tensions du corps et de l’esprit. Cette acuité à percevoir le monde différemment conduit à une amplification du ressenti stimulant les formidables puissances de la création. L’art permet d’exploiter ces tensions qui émergent de la conscience et sont suscitées par des émotions intenses. Il est un moyen de se libérer par la mise en forme de l’affect. L’expérience créatrice devient la forme expiatoire d’une énergie dévastatrice quand elle n’est pas libérée. De Marguerite Duras, qui par l’écrit exprime la castration des sentiments en abandonnant ses personnages à une forme de perte d’identité et d’intériorité, tant l’équilibre est difficile à trouver, aux pulsions angoissantes de Louise Bourgeois, qui exprime sa peur du monde et ses traumatismes par une œuvre inclassable et singulière, Évelyne Grossman offre un éloge de la création artistique comme expression d’une sensibilité qui dépasse la dualité classique homme-femme.