Littérature française

Denis Westhoff

Sagan et fils

illustration

Chronique de Linda Pommereul

Librairie Doucet (Le Mans)


Avec Sagan et fils, Denis Westhoff nous livre un témoignage 
inédit, unique et sincère sur l’autre Françoise Sagan, une mère 
pas toujours comme les autres dans l’ombre du personnage 
littéraire hors du commun.


Septembre 2004, Françoise Sagan décède dans des conditions tragiques, abandonnée et endettée. Elle laisse une ardoise fiscale de plus d’un million d’euros, mais surtout une œuvre littéraire composée d’une quarantaine de titres. Son fils unique, Denis Westhoff, va alors devoir prendre une grave décision, refuser l’héritage ou rembourser le fisc et ainsi sauver l’œuvre de sa mère. À force d’obstination et de longues tractations, ce photographe est parvenu à un accord 
et a réussi à faire rééditer les textes de Sagan, notamment grâce au soutien de Jean-Marc Roberts, directeur des éditions Stock. À la lecture de Bonjour tristesse, j’avais éprouvé beaucoup de plaisir face à ce texte à l’écriture moderne et libre. L’histoire de cette jeune fille dépourvue de sentiments moraux, en phase avec son époque, conservait toute sa saveur et restait d’actualité bien qu’elle fut écrite dans les années 1950. Car sous son apparente frivolité, l’écriture subtile cache une vision plus profonde et plus pessimiste de l’existence qu’il n’y paraît d’abord. 


Quand Denis Westhoff « hérite » des dettes de sa mère, il le fait par défi, pour être fidèle à l’image de cette mère fantasque et rebelle. Et s’il prend conscience prématurément d’une femme peu concernée par le quotidien de la maternité, il a aussi le souvenir d’une mère aimante et attentive qui s’est attachée à l’armer pour devenir un homme. Elle lui a transmis son amour pour les grands écrivains. Esprit vif et rebelle, elle lui donnera aussi le goût de la liberté. Si elle manquait parfois de gestes affectueux à son égard, elle le prenait sur ses genoux pour lui apprendre à conduire. Adolescent, il échangeait avec elle au cours de longs tête-à-tête.


Denis Westhoff se souvient d’une mère adulée, parfois tourmentée, qui clamait haut et fort son amour filial et revenait toujours vers lui. Avec ce texte captivant et lumineux, il restitue une Sagan loin des clichés en remettant les points sur les i. Devoir de mémoire qui nous fait partager les moments forts de sa vie, gais ou douloureux. L’auteur éprouve le besoin de nous raconter sa Sagan, et il le fait avec réussite.



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