Littérature française
Marie Charrel
Les Mangeurs de nuit

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Marie Charrel
Les Éditions de l’Observatoire
04/01/2023
300 p., 21 €
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Chronique de
Marie-Ève Charbonnier
Librairie Paroles (Saint-Mandé) -
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Chronique de Marie-Ève Charbonnier
Librairie Paroles (Saint-Mandé)
Entre mythes indiens et traditions japonaises, mélange improbable et réussi, ce roman nous transporte au Canada au milieu du XXe siècle, au sein d’une nature enchanteresse. En son cœur, comme un fil rouge, la discrimination et la tolérance.
Avec Les Mangeurs de nuit, Marie Charrel tisse un récit purement romanesque qui entrecroise trois histoires, sur fond de discrimination envers les Japonais ou personnes d’origine japonaise, dans le Canada du milieu du XXe siècle. La première histoire est celle d’Aika qui part de son Japon natal à la fin des années 1920 pour se marier (un mariage sur photo !) avec un compatriote émigré au Canada et qui lui a vendu du rêve. Elle pensait trouver un Apollon ayant fait fortune, elle va vite déchanter. Son mari n’est ni beau, ni riche, bien au contraire. Elle va aussi subir, avec sa fille Hannah qui va vite devenir la figure centrale de ce récit, la discrimination (on peut dire les supplices) subie par les émigrés d’origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. La deuxième histoire est celle de Jack. On est en Colombie britannique en 1945. Jack est creekwalker (autrement dit un « marcheur de ruisseau », c’est-à-dire quelqu’un qui, arpentant trois fois par saison les mêmes endroits le long des fleuves, recense les saumons). Il vit seul dans la nature avec ses chiens. Afin de ménager le suspense, je vous laisse le plaisir de découvrir la troisième histoire au fil de la lecture ! Chacune de ces intrigues est émaillée de coupures de journaux faisant état de mystérieux vols, de contes indiens déifiant les ours, au cœur d’une nature omniprésente et sublimée. Tous ces récits et mythes se croisent et nous convient à une voyage passionnant dans un Grand Nord peuplé de légendes, de saumons et d’ours : le dépaysement est garanti et les pages se dévorent à toute vitesse. Car l’intrigue est riche en rebondissements. Marie Charrel a l’art de tenir son lecteur en haleine !