Littérature étrangère
Javier Cercas
Indépendance
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Javier Cercas
Indépendance
Traduit de l'espagnol par Aleksandar Grujicic et Karine Louesdon
Actes Sud
11/05/2022
339 pages, 23 €
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Chronique de
Jérémie Banel
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❤ Lu et conseillé par
9 libraire(s)
- Véronique Marchand de Le Failler (Rennes)
- Guillaume Le Douarin
- Yolande Bastian de de Sarrebourg (Sarrebourg)
- Eric Giessenhoffer de de Mutzig (Mutzig)
- Valérie Schopp de L'Arbre à mots (Rochefort)
- Martin Knosp de Espace culturel (Saint-Grégoire)
- Loris Mouge de Chantelivre (Paris)
- Viviane Zimmermann de Pleine Page (Sélestat)
- Gaëlle Le Priol de Pierre Loti (Rochefort)
✒ Jérémie Banel
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Nouvelle affaire pour l’inspecteur Melchor Marin, après la sordide enquête en Terra Alta. De retour à Barcelone, il plonge cette fois au cœur des milieux d’affaires et politiques à la morale douteuse.
Deuxième volume de sa trilogie policière en cours, Indépendance est, à l’instar de Terra Alta (Actes Sud), déconcertant pour les lecteurs habituels de Cercas. Plus de « roman sans fiction » ici, mais des intrigues policières tendues et sombres. Et même, pour Indépendance, un soupçon de dystopie puisque l’action se déroule aux environs de 2025. L’auteur, tel un voyageur dans le temps venu nous avertir d’un futur périlleux, raconte comment l’alliance aussi cynique qu’électoraliste des grandes familles bourgeoises avec les indépendantistes catalans pourrait mener, sur fond de valorisation hypocrite de la vertu et de l’ordre moral, une région à sa perte. La tentative d’extorsion de fonds, par un chantage à la sextape dont est victime la maire, permet de dépeindre un tableau triste et navrant de ces élites corrompues par le pouvoir et l’argent. C’est là le Cercas chroniqueur politique (aux positions favorables à l’unité espagnole assumées) qui affleure, observateur aussi attentif qu’inquiet de la vie politique de son pays. Au gré de l’enquête à la recherche des maîtres chanteurs, des salons de la mairie aux arrière-salles sordides des bars de nuit, la galerie de personnages du marigot des décideurs catalans (où surnagent bien peu d’individus recommandables) donne le tournis. Le talent de Cercas, qui émaille son roman de références littéraires et de clins d’œil au lecteur (on y croise la route de l’auteur d’un livre sur Melchor Marin truffé de mensonges), donne à cette fresque sa puissance narrative, basée sur un suspense constant, sa portée politique et sociale. Et, au final, avec ou sans fiction, avec ou sans mensonge, il continue à sonder nos âmes et notre psyché autant individuelle que collective, invitant par sa précision et l’acuité de son regard à aller creuser toujours un peu plus loin.