Littérature étrangère

C Pam Zhang

De l'or dans les collines

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Chronique de Jérémie Banel

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Des chercheurs d’or, des fusils, du sable des mines et des saloons. Tous les éléments d’un western classique, à ceci près que les héros sont des héroïnes asiatiques à peine adolescentes.

Seules après la mort de leur père, pour qui elles cherchent une sépulture digne en dépit de leur détresse extrême, déjà orphelines de mère, Lucy et Sam partent à la recherche d’un avenir meilleur. Dans une langue poétique, souvent onirique, leur long voyage, pour lequel elles ne disposent que d’un cheval volé et d’un seul fusil, se double d’allers-retours dans leurs mémoires respectives, de plongées dans leur psyché et de souvenirs de l’histoire de leurs parents, venus de l’autre côté du Pacifique pour trouver du travail, un endroit ou habiter, en bref vivre. Dans un monde où elles sont à tous points de vue étrangères et différentes, elles cherchent autant un endroit pour vivre que leur identité. À travers ces figures originales, C Pam Zhang produit à la fois une relecture du mythe de l’Ouest américain, mais donne surtout la parole à celles et ceux qui en furent les invisibles. Le long apprentissage de la vie dans ce monde hostile était aussi inhérent à leur parcours propre. Lucy et sa curiosité, Sam et ses questionnements sur son identité de genre, porteurs d’une valeur universelle et adossés à la question éternelle : comment trouver sa place et se réaliser. Leur histoire, diffractée au fil de leurs pensées et rêveries devient un miroir, en plus d’un formidable moment d’évasion. Et pour y parvenir, il a fallu l’écriture novatrice et originale de l’autrice qui donne à lire un roman parfois déroutant, mais d’une beauté bouleversante. Il est rare de lire des textes aussi originaux : le traitement et l’angle du récit donnent une force marquante à L’Or des collines, avec ses héroïnes inoubliables et son monde plein de symboles et d’émotions.

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