Littérature étrangère

Patti Smith

Dévotion

illustration

Chronique de Marie-Laure Turoche

()

Commencer la lecture d’un nouveau texte de Patti Smith est toujours un moment solennel, vous avez remarqué ? La magie opère, comme avec les premières notes de « Because the night ».

Il s’agit d’un livre assez court avec un format plus petit que la moyenne. Il est composé de photographies prises par l’auteure, de poèmes, de reproductions de certains de ses manuscrits. Dévotion parle d’inspiration. Dans la première partie du livre, Patti Smith relate sa tournée promotionnelle en France. Au café de Flore, dans les bureaux de Gallimard, dans sa chambre d’hôtel à Montmartre, elle retranscrit toutes ses impressions. Elle a choisi, pour compagnons de voyage, Un Pedigree de Modiano et la biographie de Simone Weil par Du Plessix Gray. Et tandis qu’elle somnole devant du patinage artistique à la télévision, la patineuse et la philosophe ne font plus qu’une. À Sète, dans un cimetière, Patti Smith lit « Dévouement » sur une stèle. Qu’est-ce que cela signifie ? « Dévotion », lui répond-on. Ses obligations remplies, elle décide de se rendre en Angleterre, à Ashford plus précisément, où se trouve la tombe de Simone Weil. Comment naît une histoire ? Avec ce livre, Patti Smith nous dévoile tout son processus de création. De toutes ses notes et pensées va découler cette courte fiction, intitulée Dévotion. Cette nouvelle raconte une jeune fille qui se retrouve seule à l’âge de seize ans. Elle a une passion, le patinage. Un homme l’observe alors qu’elle évolue avec élégance et légèreté sur un lac gelé. Ce texte très sombre qui semble s’inspirer du Faust de Goethe est assez surprenant de la part de Patti Smith. Cependant, grâce à la première partie du livre, on reconnaît certains éléments et le lecteur comprend le cheminement de l’auteure. La troisième partie s’attache au besoin d’écrire. Invitée dans la maison d’Albert Camus, Patti Smith partage avec le lecteur cette expérience incroyable qu’elle vit. « Pourquoi écrivons-nous ? Irruption de chœur. Parce que nous ne pouvons pas simplement vivre. »

Les autres chroniques du libraire