Littérature étrangère

Jami Attenberg

Mazie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés

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Chronique de Marie-Laure Turoche

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Lecteur, lectrice, si vous commencez ce livre, sachez que vous allez tomber amoureux ! Mazie fait partie de ces personnages dont on a du mal à se séparer : généreuse, intrépide et terriblement émouvante !

Pour son nouveau roman, Jami Attenberg s’est inspirée d’un article publié dans le New Yorker. Ce papier faisait le portrait d’une certaine Mazie, « la reine du Bowery ». Notre Mazie à nous est non seulement l’héroïne des plus défavorisés, mais elle est aussi une sœur, une amie, une amante. Pour raconter son histoire, l’auteure a choisi une construction polyphonique. Mazie est décrite à travers les témoignages de ceux qui l’ont connue, aimée, ainsi qu’à travers des extraits de son propre journal intime. Il existe cependant un mystérieux narrateur, celui qui enquête sur la vie de notre personnage. L’histoire commence en 1907, la jeune Mazie arrive de Boston avec ses deux sœurs, Jeanie la cadette et Rosie l’aînée. Cette dernière vient de se marier avec Louis et a décidé d’emmener ses sœurs avec elle, loin de leurs parents incapables. Si Rosie est la plus responsable, elle est aussi très fragile, et ses failles vont apparaître petit à petit. Jeanie est l’électron libre, la danseuse, quant à Mazie, même si elle montre une furieuse envie d’indépendance et des mœurs trop légères aux yeux de certains, elle est celle qui restera le pilier de cette famille. Louis lui cèdera le cinéma du quartier. De sa cabine, elle regardera vivre son quartier. Pendant la Prohibition, la jeune femme n’hésitera pas à boire dans des bars clandestins. Lorsque la Grande Dépression éclatera, elle arpentera les rues pour venir en aide aux plus démunis. Mazie va devenir New York. Cependant, malgré sa notoriété et l’amour que lui portent sa famille et les habitants de Bowery, Mazie est une solitaire. Elle touche les gens mais personne ne peut l’atteindre, même lorsqu’elle tombe amoureuse. Mazie, « sainte patronne des fauchés et des assoiffés », devient « sainte patronne » des lecteurs.

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