Littérature étrangère

Lize Spit

Débâcle

illustration

Chronique de Marie-Laure Turoche

()

Amateurs de « feel good books » ou âmes sensibles, passez votre chemin ! À moins que vous ne vouliez recevoir le choc littéraire de votre vie. On tombe dans ce livre comme dans un puits sans fond. Un roman à la noirceur fascinante.

Dans un petit village flamand, Pim, Laurens et Eva, les seuls bébés de 1988, sont inséparables. On les surnomme les « trois mousquetaires ». Mais l’adolescence, avec ses hormones, va changer leur relation. Lors de l’été 2002, Laurens et Pim ont l’idée pernicieuse de proposer aux plus jolies filles de résoudre une énigme dans le but de les faire se déshabiller. C’est Eva qui sera l’arbitre de ce jeu pervers. Eva est une fille mal dans sa peau. Ses parents sont alcooliques et sa petite sœur semble s’égarer dans un autre monde. Ses deux amis sont ses piliers, elle ne veut pas les perdre mais elle sent bien que leur attitude n’est pas morale. C’est ce qu’on appelle une « tempête sous un crâne ». Devenue adulte, elle retourne au village à l’occasion d’une commémoration, avec en tête l’idée d’un autre genre de cérémonie. Débâcle : « Rupture des glaces d’un cours d’eau, entraînées alors par le courant, provoquant une augmentation rapide du débit, souvent génératrice d’inondations » (Larousse) ou comment un jeu malsain peut virer au drame. Débâcle est un roman sur l’adolescence comme j’en ai rarement lu : manipulation, perversion et drame familial. La découverte de la sexualité est racontée de manière très crue. Cette histoire vous captive, vous horrifie et vous hante. Page après page, on suit la descente aux enfers d’Eva. Débâcle est le premier roman de cette jeune Néerlandaise, née comme ses protagonistes en 1988. Il a reçu de nombreux prix littéraires en Belgique et aux Pays-Bas. Pourquoi lire une histoire si sombre et dérangeante ? Être secouée par un roman est ce que je préfère en tant que lectrice. Et quand c’est si bien construit et écrit, on ouvre le livre et on se laisse happer.

Les autres chroniques du libraire