Littérature étrangère
Lionel Shriver
Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes
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Lionel Shriver
Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Catherine Gibert
Belfond
19/08/2021
22 €
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Chronique de
Marie-Laure Turoche
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❤ Lu et conseillé par
8 libraire(s)
- Véronique Marchand de Le Failler (Rennes)
- Juliette Retamal de La Terrasse de Gutenberg (Paris)
- Marie-Laure Turoche
- Eric Giessenhoffer de de Mutzig (Mutzig)
- Véronique André de Baba-Yaga (Sanary-sur-Mer)
- Marc Le Deunff de Mots d'ici et d'ailleurs (Landivisiau)
- Eliane Sieffert de Baba-Yaga (Sanary-sur-Mer)
- Jennifer Goepp de Dinali (Strasbourg)
✒ Marie-Laure Turoche
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Lionel Shriver ose tout ! Fine observatrice de notre monde, elle dresse un tableau sans complaisance de notre société. Sa plume affûtée n’épargne personne, son cynisme non plus mais l’humour est toujours là.
En voilà un titre énigmatique ! Un titre qui prend tout son sens dès la première phrase du livre : « J’ai l’intention de courir un marathon ». Voilà ce que déclare Remington à sa femme Serenata, au petit déjeuner. Rien de bien dramatique, me direz-vous, sauf que Remington n’a jamais couru de sa vie et a passé la soixantaine. La vraie sportive, c’est elle, mais l’arthrite l’empêche désormais de pratiquer la course. Évidemment, elle va se moquer de son mari, invoquant la fameuse bucket list que tout le monde veut réaliser avant de mourir. C’est surtout du ressentiment et de la jalousie qu’elle va nourrir à l’égard de son mari. Celui-ci va d’ailleurs se donner à fond ! Il va dépenser des centaines de dollars en équipement et tenus fluo. On sent d’ailleurs que Lionel Shriver s’amuse beaucoup. Cela pourrait être juste un roman cocasse, avec une galerie de personnages assez savoureux, en particulier Bambi Buffer, la coach ultra sexy. Mais ce serait mal connaître Lionel Shriver qui adore taper là où ça fait mal. Reine du politiquement incorrect, elle passe tout en revue : politique, religion, couple, culte du jeunisme, éducation, féminisme… Ce que Serenata exècre au plus au point, c’est tout ce qui est à la mode, tout ce qui nous fait ressembler à des moutons et le marathon en est l’illustration parfaite. L’autrice a l’art de soulever toutes nos contradictions. Roman extrêmement grinçant, extrêmement drôle aussi, il offre une très belle réflexion sur notre mode de vie mais aussi sur le couple qui vieillit et l’angoisse du physique qui décline. Car il faut le souligner, ce nouveau livre raconte une très belle histoire d’amour. Alors dans ce marathon de lectures qu’est la rentrée littéraire, ne passez pas à côté de ce formidable roman.