Littérature française
Sébastien Spitzer
Le Cœur battant du monde
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Sébastien Spitzer
Le Cœur battant du monde
Albin Michel
21/08/2019
460 pages, 21,90 €
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Chronique de
Marie-Laure Turoche
- ❤ Lu et conseillé par 14 libraire(s)
✒ Marie-Laure Turoche
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Après avoir écrit autour de Magda Goebbels (Ces rêves qu’on piétine, L’Observatoire et Le Livre de Poche), Sébastien Spitzer s’inspire d’une autre personnalité, Karl Marx. Le journaliste aime décidément les figures borderline mais il aime surtout ceux qui vont les déstabiliser.
Nous sommes en 1860, à Londres, « le cœur battant du monde ». Charlotte est une jeune Irlandaise qui a fui la famine de son pays et qui essaie de survivre dans cette ville sans pitié. Son fiancé est parti aux États-Unis pour tenter de faire fortune. Elle l’attend, elle porte son enfant. Mais à la suite d’une agression, elle va perdre son bébé. Charlotte sera sauvée et recueillie par un mystérieux médecin. Fatigué de devoir procéder constamment à des avortements, il décide de sauver un bébé à venir pour ensuite le confier à sa patiente. Or, cet enfant n’est pas n’importe qui : il est le fils que Karl Marx a eu avec sa domestique. Élevé par Charlotte, Freddy, tel sera son prénom, va devenir un jeune homme très débrouillard. À travers sa destinée, c’est toute une époque qui nous est décrite. Ainsi, nous allons assister à la fin de la guerre de Sécession, aux premiers syndicats ouvriers et à la naissance du mouvement nationaliste irlandais. Sous la plume de Sébastien Spitzer, Karl Marx n’est pas très sympathique, il est même ridiculisé. Son ami Friedrich Engels est plus ambigu et donc plus intéressant. Il reprend l’usine de son père et fait tout pour rendre la condition ouvrière plus acceptable. Il fera même ménage à trois avec deux sœurs qui travaillent pour lui. Mais pour Sébastien Spitzer, sa vraie rencontre, et c’est lui-même qui l’écrit, c’est avec Tussy, la fille cadette de Karl Marx : « suffragette et féministe avant l’heure, marxiste » ! Vous l’aurez compris, ce livre est dense, captivant. C’est une véritable peinture de la société de l’époque. On pense bien sûr à Dickens et Zola. Mais l’auteur dit aussi s’être inspiré de Jack London ainsi que de Shakespeare « pour l’argent, le pouvoir, l’amour, et tout le reste aussi ». Si les dieux de la littérature sont présents, qu’ai-je besoin d’ajouter ?