Littérature étrangère

Damon Galgut

La Promesse

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Chronique de Marie-Laure Turoche

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Booker Prize 2021, La Promesse est un roman qui raconte une famille sur trois décennies, de 1986 à 2018. Cette histoire nous permet d'assister aux profonds changements d’un pays, l’Afrique du Sud.

Né en 1963 à Pretoria, Damon Galgut a profondément ancré son œuvre dans son pays. Un travail qui interroge particulièrement l’évolution de l’Afrique du Sud post-apartheid. Son nouveau roman, La Promesse ne fait pas exception. Le livre est divisé en quatre parties, chacune correspondant au décès d’un membre de la famille Swart. En 1986, toute la famille est réunie dans la maison familiale pour dire adieu à Rachel qui a succombé à un cancer. Elle vivait séparée de son mari Manie. Celui-ci, après s’être comporté comme un piètre mari, s’est plus ou moins racheté une conduite en se dévouant à sa religion, le protestantisme. Or, sa femme a souhaité être enterrée selon les rites du judaïsme, sa religion de naissance. Les trois enfants, Anton, Astrid et Amor, ne sont pas très proches. Anton est traumatisé par l’armée, Astrid est très complexée et Amor se sent abandonnée. Cette dernière va être à l’origine d’un conflit qui va durer trente ans. Elle a entendu sa mère faire promettre à son mari de donner la maison à Salomé, la fidèle domestique noire qui s’est occupée d’elle jusque dans les pires moments de sa maladie. Amor va rappeler à son père cette fameuse promesse. Seulement voilà, nous sommes encore à l’heure de l’Apartheid. La question de cette maison va être le fil conducteur de l’histoire et montre que le racisme persistera même après l’abolition de l’Apartheid en 1991. Au-delà des questions de société qu'il aborde, ce roman traite avant tout des rancœurs familiales. Damon Galgut réussit un coup de maître en termes de narration. On glisse d’un personnage à un autre, pénétrant les esprits et les pensées de chacun. Famille je vous aime, famille je vous hais. Les rancunes, la jalousie mais aussi le mal-être et la solitude, mélangés au poids du passé font de ce roman, un livre aussi universel qu’intimiste.

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