Littérature française

Norman Ginzberg

Arizona Tom

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Chronique de Marie-Laure Turoche

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Premier roman du franco-canadien Norman Ginzberg, Arizona Tom ressemble à une caricature de western. C’est un livre que je décrirais comme divertissant (car oui, c’est aussi ce qu’on demande à un roman), drôle et original.

Cette histoire se déroule en 1883. Ocean Miller est le shérif vieillissant d’une petite ville en Arizona. Homme plutôt solitaire, ses seuls amis sont son collègue Abner Drinkwater (admirez le jeu de mot), sa maîtresse Emily et sa bonne vieille jument. Ocean Miller préfère parler aux étoiles et aux animaux plutôt qu’aux humains. Dans ce livre, le narrateur s’adresse directement à nous ; tel un Clint Eastwood un peu bourru qui nous raconterait sa dernière aventure. Ocean décide de revenir sur l’enquête la plus marquante de sa vie, survenue quelques années auparavant : alors qu’il rentre du désert, il tombe sur un petit garçon sourd et muet qui traîne un cadavre, cadavre qui n’a ni tête, ni bras, ni jambes. Il s’appelle Tom. Si tous les habitants de la ville sont persuadés que le gamin est le meurtrier, Ocean refuse d’y croire. Il prend l’initiative de mener l’enquête afin de prouver qu’il est encore apte à exercer son métier, mais aussi parce qu’il est déjà profondément attaché au garçon. C’est un livre bourré d’humour, farci d’images surprenantes et porté par la gouaille inimitable de notre narrateur : « Allez savoir pourquoi, moi qui ai vu tant d’horreurs tout au long de ma chienne de vie de shérif, je n’ai pu m’empêcher de dégobiller dans le seau d’aisance qui trônait sur la coiffeuse. Jamais vomi comme ça. Les spasmes qui contractaient mon ventre étaient si puissants que j’ai bien cru que mes yeux allaient sortir de leurs orbites et que ma cervelle allait s’échapper par les oreilles. » Tout y est : les cow-boys, les Indiens, le méchant maire, la fidèle jument et, bien sûr, la quête du trésor. Arizona Tom est un petit bijou qui se lit avec beaucoup de plaisir. On se laisse aller comme devant la rediffusion d’un bon vieux western du dimanche soir.

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