Littérature étrangère

Jeffrey Archer

Seul l’avenir le dira

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Chronique de Marie-Laure Turoche

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À la veille de la Seconde Guerre mondiale, à Bristol, dans le sud-ouest de l’Angleterre, « deux familles […] sont entraînées par d’anciennes rancunes à des rixes nouvelles ». Jeffrey Archer publie son nouveau livre dont le souffle romanesque vous portera loin, très loin… Et ce n’est que le début.

Dans le jargon, nous appelons ça un véritable page turner. Attention, un page turner ne signifie pas livre facile à lire. Non, il s’agit plutôt d’un livre que nous ne pouvons plus lâcher. Nous en oublions jusqu’à l’objet livre pour nous plonger avec délectation dans une autre dimension. Avec Seul l’avenir le dira, Jeffrey Archer réussit à nous entraîner au cœur d’une véritable saga. Deux familles : les Barrington, à la tête d’une grande compagnie maritime, et les Clifton, famille très modeste dont deux des membres travaillent pour la première. Une nuit infidèle, une disparition mystérieuse, des rivalités entre père et fils… Intrigue classique mais efficace. Et au milieu de tout cela, une profonde amitié qui se noue et une histoire d’amour qui s’avèrera impossible. Ce premier tome, intitulé Chronique des Clifton, raconte le parcours prodigieux de Harry Clifton. Fils d’un docker soi-disant mort à la guerre, Harry grandit avec sa mère et son oncle Stan à Bristol. Le jeune garçon préfère traîner sur les docks avec son oncle plutôt que d’aller à l’école. à six ans, son meilleur ami est le vieux Jack Tar, un homme assez étrange qui vit seul dans un wagon (de 1ère classe !) abandonné sur les quais. Mais Harry possède un don qui va changer sa vie : une voix magnifique. Afin d’exploiter son talent, il décide d’apprendre à lire pour pouvoir intégrer la chorale. Encouragé par Jack et son instituteur, Harry devient vite un élève brillant. Un jour, on lui propose une bourse pour aller étudier à la prestigieuse école de Saint-Bède. Dans ce pensionnat très strict, Harry rencontre celui qui deviendra son meilleur ami, Giles Barrington. Puis suivra le collège de Bristol et l’université d’Oxford. Derrière lui, sa mère, Maisie Clifton. Une femme extraordinaire qui travaille sans relâche afin de pouvoir maintenir son fils dans ce collège pour lequel il n’a pas pu obtenir d’aide financière. Grâce à son courage et son intelligence, elle réussit elle aussi à gravir les échelons ; seulement, le sort (ou une personne malveillante) s’acharne sur elle et la pousse à d’énormes sacrifices (dont celui de sa dignité). Harry aurait pu être heureux mais lorsque la vérité sur sa naissance éclate, il doit renoncer à la femme qu’il aime et décide alors de fuir l’Angleterre, à bord d’un bateau marchand vers les états-Unis. Enfin, la guerre éclate… L’originalité de ce roman repose sur sa construction. Le destin de Harry Clifton est raconté par six voix distinctes. Par ce procédé narratif, on projette une même scène sous différents angles. Il permet également un changement de ton et de style. Jeffrey Archer est incontestablement un grand faiseur d’histoires et un très bon « conteur » pour reprendre les termes du Washington Post. Ce premier tome de Seul l’avenir le dira réunit tous les ingrédients pour vous faire passer un très bon moment : une lecture dynamique, une intrigue bien construite, des personnages attachants et une fin qui, à coup sûr, vous fera vous exclamer : « Vivement la suite ! Vite ! »

 

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