Essais

L’art et la révolte

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Par Marie-Laure Turoche

Prix Nobel de littérature en 1957, Albert Camus fait partie de notre Panthéon littéraire. Depuis la parution de L’Étranger, en 1942, son œuvre a une telle portée qu’elle a inspiré aussi bien une universitaire américaine qu’un rappeur français.

Abd Al Malik a rencontré Albert Camus, comme la plupart d’entre nous, en lisant L’Étranger (Folio) à l’école. Fasciné par la puissance du livre, il décide de se plonger dans l’œuvre de l’écrivain. C’est ainsi qu’il commence la lecture de L’Envers et l’endroit (Folio) qui sera une véritable révélation. Le rappeur se retrouve en lui. Albert Camus a vécu dans l’équivalent d’une cité, il a également grandi seul avec sa mère et, comme lui, un professeur saura l’influencer de manière décisive. Enfin, tous deux vouent le même amour aux mots. Plus qu’un miroir, l’écrivain algérien lui montrera la voie à suivre : « Camus fut un modèle. Et bien qu’on se ressemble déjà, je raccroche mes gants pour lui ressembler davantage, à ma façon. Il faut partir. » Abd Al Malik a mis en scène et en musique l’œuvre d’Albert Camus. De ce spectacle est né le livre-hommage Camus, l’art de la révolte. Si Camus a eu une telle influence sur Abd Al Malik, ce n’est pas un hasard. Selon Alice Kaplan : « La lecture de L’Étranger tient du rite d’initiation. Partout dans le monde, ce livre accompagne le passage à l’âge adulte et la découverte des grandes questions de la vie. » Le roman de Camus soulève un tel questionnement que l’universitaire a décidé de consacrer une biographie, non pas à l’auteur mais au texte lui-même. En quête de L’Étranger est un véritable éclairage porté sur le roman. Alice Kaplan raconte comment et dans quelles conditions il a été rédigé (Paris était alors sous l’Occupation), et montre à quel point il fait preuve d’une modernité inédite. Elle conclut en évoquant le fameux Meursault. Contre-enquête de Kamel Daoud (Babel), écrivain aujourd’hui menacé. Le monde n’a pas fini d’être absurde…