Littérature étrangère

Michela Murgia

Leçons pour un jeune fauve

Chronique de Marie-Laure Turoche

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Trois raisons de lire Michela Murgia : son écriture a la force de la Sardaigne, ses portraits de femmes sont bouleversants, et elle a reçu le prix Page des libraires en 2011 pour Accabadora (Points).

Eleonora est une grande actrice de théâtre qui approche de la quarantaine. Elle vit seule et l’assume pleinement malgré l’incompréhension de son entourage. Une enfance difficile l’a amenée à rejeter la maternité. Au statut de mère, elle préfère celui de mentor. C’est ainsi qu’elle devient le professeur de Chirú, un jeune violoniste de 18 ans. Le mythe de Pygmalion n’est pas loin. Revisité à la sauce sarde, il prend une tout autre saveur. Eleonora reconnaît en Chirú une part d’elle-même, la plus sombre. Ils vont devenir le miroir l’un de l’autre. Ce n’est pas une simple histoire de manipulation, c’est une leçon de vie. À travers l’expérience d’Eleonora, notre rapport aux autres, qu’il soit professionnel ou personnel, est finement analysé et remis en question. Comment doit-on se comporter dans une soirée ? Que révèle notre façon de nous vêtir ? Comment obtenir des autres ce que l’on désire ? Mais ce roman est avant tout le portrait d’une femme forte et bouleversante, servi par une écriture magnifique, dure, sans concessions, parfois crue et sarcastique. C’est toute la force de la Sardaigne que vous ressentirez à travers ces lignes.

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