Littérature française

Metin Arditi

Le Turquetto

illustration

Chronique de Emmanuelle George

Librairie Gwalarn (Lannion)

Halte aux grincheux qui prétendent que, dans le domaine littéraire français contemporain, l’art de la fiction brille par son absence. Metin Arditi est là pour les détromper !

 

C’est par une note au lecteur que Metin Arditi introduit son roman. À elle seule, cette note suffit à susciter l’envie de dévorer les quelque 300 pages qui se profilent. Le postulat est le suivant : un tableau célèbre conservé au Louvre – dont la signature présente une discrète anomalie chromatique – serait l’unique œuvre qui nous reste d’un des plus grands peintres de la Renaissance. Un égal de Véronèse, un élève prodige de Titien lui-même que celui-ci surnomma le Turquetto, le petit Turc. La petite histoire en appelle une grande, celle d’un destin mouvementé que Metin Arditi retrace avec ferveur. Ainsi débute le conte d’une passion, celle d’Elie Soriano, né de parents juifs en terre musulmane (à Constantinople vers 1519), qui ne peut concevoir de vivre sans dessiner. À la mine de plomb ou au pinceau, il veut saisir l’autre. Pénétrer son âme et la révéler dans toute sa vérité. Mais les lois sacrées des juifs et des musulmans lui interdisent la représentation. Alors pour assouvir sa passion, l’artiste triche, renie ses origines et fuit en Italie. À Venise, il masque son identité, se fait appeler Elias Troyanos, fréquente les ateliers du Titien et connaît une carrière exceptionnelle sous le nom de Turquetto. Prix Page des Libraires 2011.

 

Les autres chroniques du libraire