Littérature étrangère
Hallgrímur Helgason
La Femme à 1000°
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Hallgrímur Helgason
La Femme à 1000°
Traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaun
Les Presses de la Cité
22/08/2013
640 pages, 23 €
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Chronique de
Emmanuelle George
Librairie Gwalarn (Lannion) -
❤ Lu et conseillé par
9 libraire(s)
- Emmanuelle George de Gwalarn (Lannion)
- Jean-François Delapré de Saint-Christophe (Lesneven)
- Delphine Bouillo de M'Lire (Laval)
- Martine Clesse
- Amandine Ardouin de Saint-Pierre (Senlis)
- Marie Hirigoyen de Hirigoyen (Bayonne)
- Thomas Delecroix de Espace culturel (Moisselles)
- Jean-Baptiste Hamelin de Le Carnet à spirales (Charlieu)
- Yohan Geffroy de Les Folies d'encres (Le Raincy)
✒ Emmanuelle George
(Librairie Gwalarn, Lannion)
Les Presses de la Cité aiment les vieux qui aiment les explosifs. Ici, Herra, clope au bec et grenade à portée de main, est une atypique octogénaire islandaise qui, en attendant la mort, raconte son passé et celui de son pays.
Inventive, irrévérencieuse et surprenante, cette autobiographie fictive d’une octogénaire en phase terminale de cancer et qui vit isolée dans un garage vaut le détour. Assurément, le comique et le tragique s’y disputent la vedette. Car, La Femme à 1000°, deuxième roman traduit en français de Hallgrímur Helgason, est non seulement le portrait d’une moribonde acerbe et culottée qui prépare avec application sa crémation, mais aussi l’histoire d’une Islandaise dont le destin fut ponctué d’explosifs et de violences… et qui ne mâche pas ses mots pour raconter sa vie. Pour seule compagnie, la vieille Islandaise dispose de son ordinateur portable, de ses cigarettes, et d’une grenade datant de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Rien de moins que des compagnons d’agonie indispensables. Le tabac ? C’est son oxygène ! Le Net, les mails ? Elle maîtrise et communique à sa façon avec un tas d’amis ! La grenade ? Indispensable ! Car avant de mourir, elle a décidé de tout faire péter. Elle a aussi, il faut lui reconnaître ça, la langue bien pendue pour passer en revue son passé singulier et aussi tumultueux que celui de son pays. Petite-fille du premier président de l’Islande, fille d’une paysanne et du seul nazi islandais avéré, elle a connu la guerre, l’exil, beaucoup d’hommes (parfois même célèbres !) et sa mémoire ne lui fait pas défaut pour raconter la violence, l’injustice ou la mort qui rôde… Dans ce roman aux multiples facettes – en apparence déjanté mais faussement léger –, humour, cynisme, tendresse, absurde, poésie et noirceur ont voix au chapitre. On découvre un pan de l’Histoire islandaise en naviguant entre fantaisie et profondeur grâce à la maîtrise d’un auteur qui a brillamment changé la réalité en fiction (et inversement). Avec originalité, gouaille et acuité.