Littérature étrangère
Alan Bennett
La Dame à la camionnette
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Alan Bennett
La Dame à la camionnette
Traduit du l’anglais par Yves Ménard
Buchet Chastel
06/02/2014
100 pages, 9 €
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Chronique de
Emmanuelle George
Librairie Gwalarn (Lannion) - ❤ Lu et conseillé par 11 libraire(s)
✒ Emmanuelle George
(Librairie Gwalarn, Lannion)
Le piquant d’Alan Bennett, auteur de l’incontournable Reine des lectrices (Folio, 2010), est de retour. Certes, ce nouveau texte a près de trente ans, mais sa saveur humaniste et so british ne peut laisser indifférent.
Improbable mais vrai, Alan Bennett a cohabité avec une clocharde pendant près de vingt ans. Comment est-ce possible ? Et pourquoi si longtemps ? C’est ce que nous conte avec brio l’écrivain britannique, dont la générosité et la patience ont visiblement, en matière de solidarité, peu de limites. Quand il accepte dans les années 1970 que Miss Shepherd et sa camionnette fassent halte dans son jardin londonien pour échapper à une énième intervention de la fourrière, se doutait-il qu’il signait là une sorte de bail (à durée indéterminée !) avec une femme excentrique et imprévisible ? Sans doute un peu, mais que voulez-vous, regardez cette pauv’dame… À l’image de son curieux véhicule (en panne, odorant, croulant sous les détritus et régulièrement enduit de peintures peu orthodoxes), Miss Shepherd est à la fois mystérieuse, frappadingue, surprenante et de surcroît fort envahissante. Alors, forcément, très rapidement, la clairvoyance d’Alan Bennett reprend le dessus – « Il était rare qu’on lui rende le moindre service sans avoir en même temps envie de l’étrangler » –, mais il est trop tard. Excentrique et irrécupérable, la « dame », même vieillissante, a ses lubies – se lancer dans le commerce, écrire aux politiques, solliciter à sa manière les services sociaux, etc. – et inspire à son hôte des sentiments contrastés. Et pourtant, bien que déconcertante, leur relation amicale peu ordinaire ne cessera de s’enrichir de leurs différences au fil de ces vingt années. N’en racontons pas plus, car comme « un personnage de Dickens dont l’histoire et les secrets ne sont dévoilés que lors du tour d’horizon qui précède le dénouement final », la dame à la camionnette est irrésistiblement attachante. À la fois grinçant, drôle, tendre, ce texte qui lui rend hommage possède une fantaisie revigorante.