Littérature étrangère
Arturo Pérez-Reverte
Deux hommes de bien
Partager la chronique
-
Arturo Pérez-Reverte
Deux hommes de bien
Traduit de l'espagnol par Gabriel Iaculli
Seuil
04/05/2017
512 pages, 22,50 €
-
Chronique de
Emmanuelle George
Librairie Gwalarn (Lannion) -
❤ Lu et conseillé par
9 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Emmanuelle George de Gwalarn (Lannion)
- Véronique Marchand de Le Failler (Rennes)
- Benoît Cagneaux de Le Goût des mots (Mortagne-au-Perche)
- Nadia Sendin de Biblio.gironde (St Medard en Jalles)
- Pascal Lionetti de L'Écriture (Vaucresson)
- Catherine Béchet de Spicilège (Lagny-sur-Marne)
- Brice Vauthier de L'Étagère (Saint-Malo (Paramé))
- Florence Reyre de Du côté de chez Gibert (Paris)
✒ Emmanuelle George
(Librairie Gwalarn, Lannion)
Arturo Pérez-Reverte est un artisan passionné et passionnant de romans populaires intelligents. Son talent ? Assembler et travailler les bons matériaux avec application. Primo, mettre en place une quête : ici, à la fin du xviiie siècle, celle de deux membres de l’Académie royale d’Espagne chargés par leurs pairs de rapporter de France la première édition complète des vingt-huit tomes de l’Encyclopédie, pourtant interdite par le clergé espagnol. Deuzio, raconter une équipée : celle de ces deux intellectuels aussi intègres et vieillissant que différents. À Paris, l’un (bibliothécaire de l’Académie, veuf et pratiquant) et l’autre (Amiral à la retraite, célibataire et athée) découvrent avec étonnement des rues, des librairies, des salons, des cafés où s’affirment des voix licencieuses et des esprits revendicatifs. Tertio, ménager des obstacles à l’aventure. En effet, non seulement l’édition originale de l’Encyclopédie est épuisée, mais un mercenaire à la solde d’Académiciens obscurantistes entrave sérieusement leur mission. Par bonheur, Pérez-Reverte ne se cantonne pas à du bel ouvrage aventureux, il se met aussi en scène à chaque chapitre. Avec malice et humour, intelligence et érudition. Pimenté de multiples références littéraires et philosophiques, rythmé de jeux avec le lecteur, entre réalité et fiction, documentation, réflexion et émotion, son roman, qui célèbre la grande aventure des Lumières, est aussi un manifeste inspiré et inspirant. L’auteur n’y perd jamais le fil de son propos d’homme de bien, suggérant le tableau d’une Europe contemporaine dans le doute, exhortant à interroger les liens entre les époques, fustigeant tour à tour médiocrité intellectuelle, obscurantisme et fanatisme religieux, rendant hommage à ceux et celles qui ont défendu et défendent encore cet esprit des Lumières.