Littérature française
Anne-Marie Garat
La Source
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Anne-Marie Garat
La Source
Actes Sud
19/08/2015
384 pages, 21,80 €
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Chronique de
Emmanuelle George
Librairie Gwalarn (Lannion) - ❤ Lu et conseillé par 25 libraire(s)
✒ Emmanuelle George
(Librairie Gwalarn, Lannion)
Vous avez aimé la trilogie romanesque qu’Anne-Marie Garat commença ces dernières années avec Dans la main du diable ? (Babel) Assurément, vous plongerez dans La Source avec la même délectation. Dans les remous de la mémoire et du mensonge.
Au domaine des Ardenne, dans une demeure baroque, inattendue, extravagante, nichée en contre-bas d’un bourg de Franche-Comté, Lottie, solide et surprenante nonagénaire, vit seule. Intimidante et peu amène, elle héberge pourtant la narratrice de ce roman. Tous les soirs, c’est l’histoire de cette maison, du domaine, de ses propriétaires, de ses fantômes, que Lottie, l’ancienne domestique du lieu, confie à cette narratrice, professeur de sociologie de passage dans la région et a priori en pleine enquête universitaire. Mais faut-il croire cette vieille paysanne sur parole ? Elle qui, photos à l’appui, prétend n’être que la porte-parole des fantômes qui ont habité ces murs ou qui sont partis vers l’Afrique, le Tonkin ou les forêts d’Alaska ? Envoûtée par ces récits qui la captivent et libèrent son désir de renouer avec sa propre histoire, la narratrice mène une enquête bien plus personnelle que ce qu’elle prétendait. Très vite, la très ancienne histoire de Lottie, ponctuée de fantômes, de secrets, de folie, autant que de voyages, de photos et de lettres, croise sa propre histoire et modifie son cours. Au fil de récits familiaux captivants, Anne-Marie Garat fait se répondre mémoire et mensonges dans le plus trépidant des dialogues. Dans une ambiance de conte digne des Mille et une nuits, son roman, sensible et maîtrisé, porté par son écriture foisonnante et poétique, se délie sous le parrainage de grands auteurs tel que Flaubert ou Giono. D’où viennent les histoires et où vont-elles une fois racontées, s’interroge-t-on ? Ce magnifique roman en témoigne : les récits et les contes ne sont jamais inoffensifs. Leurs remous nous attirent et nous emportent, comme ceux des ruisseaux, des rivières, des fleuves, dont on connaît rarement l’estuaire et encore moins la source.