Littérature française
Alice Ferney
Le Règne du vivant
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Alice Ferney
Le Règne du vivant
Actes Sud
20/08/2014
208 pages, 19 €
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Chronique de
Emmanuelle George
Librairie Gwalarn (Lannion) - ❤ Lu et conseillé par 17 libraire(s)
✒ Emmanuelle George
(Librairie Gwalarn, Lannion)
Un roman qui célèbre la beauté du vivant et interroge les convictions, actions et engagements de ceux qui, coûte que coûte, s’obstinent à agir pour la protéger. Un roman écolo signé Alice Ferney ? Étonnant ? Affirmatif !
Grâce à leurs témoignages, leurs films, leurs manifestations, leurs associations ou fondations, des hommes et des femmes agissent depuis des années pour donner à voir la magnificence de la terre et revendiquer la nécessité de la préserver des dangers auxquels l’activité humaine l’expose. C’est par la voie littéraire qu’Alice Ferney s’engage à son tour et nous interpelle. En contant l’histoire de Magnus Wallace, activiste écologiste qui parcourt les mers à bord de l’Arrowhead à la poursuite des navires baleiniers qui braconnent en zones protégées, elle insiste non seulement avec émotion sur la vulnérabilité de la faune maritime et l’engagement (quasi héroïque) des militants, mais s’insurge aussi contre les choix politiques et économiques contemporains qui laissent agir en toute impunité pollueurs, pilleurs et meurtriers des fonds marins. « Même, ou plus encore quand c’est lui qui la donne, l’homme a chassé toute solennité de la mort des bêtes. Pourtant nous savons la prescience qu’elles ont de ce moment, comment elles vont s’isoler pour mourir, avec l’équivalent du courage et de la dignité que nous voulons témoigner nous-mêmes lorsque vient la dernière heure auprès des nôtres. Pour étrange que cela paraisse les animaux savent mieux mourir que nous. Il arrive que la vie soit en eux moins tenace qu’en nous […] que les bêtes meurent parfois d’amour ce qui est rarement le cas des hommes. » Si Le Règne du vivant se lit aussi comme un roman d’aventures (on pense forcément à Moby Dick), la voix d’Alice Ferney (dont le magnifique roman Dans la guerre (Actes Sud) interrogeait déjà notre rapport à l’animalité) y vibre de la colère des accusations et insurrections, et possède la force des plaidoyers, le lyrisme et la beauté des odes poétiques.