Polar

Michel Moatti

Tu n’auras pas peur

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photo libraire

Chronique de Jérôme Dejean

Librairie Les Traversées (Paris)

Avec ce quatrième roman, Michel Moatti est en train de prouver qu’il est Le grand auteur de thriller du moment, capable de rivaliser avec les meilleurs anglophones et même de les dépasser sur leur propre terrain !

Avec son premier roman, Retour à whitechapel (HC éditions), Michel Moatti, ancien journaliste, professeur et docteur en sociologie des médias, nous entraînait sur les traces de Jack L’Éventreur : une plongée dans le temps et dans le tristement célèbre quartier de Whitechapel pour une enquête-révélation passionnante. L’auteur récidive et se surpasse avec Tu n’auras pas peur. Roman plus que contemporain, ayant pour cadre l’Angleterre du Brexit, furieusement efficace et diablement intelligent, qui interroge les dérives de l’information, la place d’Internet dans la société et notre propre fascination pour le mal et la violence. Lynn Dunsday, jeune journaliste très médiatique, enquête pour Le Bumper, un site d’information sur Internet. Reporter chevronné et proche de la retraite, Trevor Sugden travaille « à l’ancienne » pour un petit quotidien imprimé. Tous les deux vont traquer un tueur qui reconstitue avec autant de minutie que de férocité des scènes de crimes célèbres avant de les diffuser sur le Net. Sur les blogs et réseaux sociaux, les indices et les rumeurs circulent plus vite que les informations officielles et contrecarrent le travail de la police. Un macabre jeu de piste s’organise, où Lynn et Trevor vont devoir faire face à la folie humaine, à leur conscience et au rôle qu’ils jouent dans cette escalade de l’horreur. L’intrigue est palpitante, les rebondissements permanents et le rythme effréné. Sachez seulement que les toutes dernières lignes vont vous scotcher à votre fauteuil. Car cette histoire est une bombe. Michel Moatti réussit un thriller haletant, sans jamais oublier de faire réfléchir son lecteur. Formidablement documenté – rigueur journalistique oblige –, c’est aussi le portrait d’une ville, Londres, et d’un métier, le journalisme, en pleine crise de conscience. De confiance ?

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