Sept ans après les événements décrits dans Le Chuchoteur, Mila Vasquez tente toujours de se reconstruire. Elle est affectée au bureau des personnes disparues, un département de la police surnommé les Limbes, où sa rigueur scientifique et son absence d’empathie font merveilles. Pourtant, lorsque les personnes disparues refont surface et se mettent à tuer, Mila va devoir une fois de plus échafauder une théorie, « une hypothèse du mal », titre du livre en italien. Épaulée par son nouveau partenaire, un anthropologue spécialiste des interrogatoires, elle s’enfonce au fond d’elle-même afin de fouiller parmi les ténèbres de sa conscience… au risque de s’y consumer. Car dans l’ombre est tapi celui que sa route a déjà croisé par le passé. Un homme, un concept, le Mal incarné. Celui qui chuchote, qui souffle à l’oreille une musique entêtante. Le chef d’orchestre d’une partition macabre. L’Écorchée n’est pas une banale suite, c’est un prolongement. La suite et le complément d’une enquête qui se révèlera encore plus dévastatrice que la précédente.
Page — Pour la sortie du Tribunal des âmes en France début 2012, vous avez déclaré qu’il s’agissait de votre troisième roman et que vous aviez interrompu l’écriture du deuxième car l’histoire s’était imposée à vous et qu’il vous fallait l’écrire le plus rapidement possible. Est-ce que L’Écorchée est votre deuxième roman, et à quel moment vous est venue l’idée ? Pendant l’écriture du Chuchoteur ou après ?
Donato Carrisi — L’Écorchée est le roman « zéro ». Il précède tous les autres. Avant Le Chuchoteur, j’avais à l’esprit l’histoire de disparus qui reviennent. Au cours de mes recherches en criminologie, j’avais rencontré une jeune fille qui était rentrée chez elle après avoir disparu volontairement pendant trois ans. Elle refusait de raconter où elle avait été et avec qui. Elle semblait la même, juste un peu plus grande. Mais, en réalité, elle avait changé. Sur de petites choses, des détails en apparence sans importance. La manière de se coiffer ou sa couleur préférée. Surtout, avant de disparaître, elle était gauchère. Elle revenait droitière. C’est là que j’ai compris : l’obscurité opère un changement sur les gens, pas toujours évident à cerner, mais il est là. Cette jeune fille a rapidement eu un comportement agressif. C’est commun dans ce genre de cas. Mon roman est l’histoire de disparus qui reviennent pour tuer. Bien que le sujet soit très fort, il me manquait l’émotion que je voulais faire passer. C’est pour cette raison que j’ai attendu avant de l’écrire. Puis j’ai eu une illumination en lisant sur un tee-shirt, à Londres : « Tu ne connais pas la peur tant que tu n’as pas entendu quelqu’un tousser sous ton lit ». C’était exactement ça ! Dans ce livre, je ne parle pas de n’importe quelle peur, mais de celles que nous avons tous éprouvé pendant notre enfance. La peur du noir ne vient pas du noir, elle est au fond de nous, depuis tout petit.
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