Littérature étrangère

Víctor del Arbol

Avant les années terribles

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photo libraire

Chronique de Jérôme Dejean

Librairie Les Traversées (Paris)

Avant les années terribles de Víctor Del Árbol est un roman de sang et de larmes, époustouflant et magnifique. Une aventure humaine, cri de l’âme et des corps au cœur des ténèbres d’un enfant du siècle.

Isaias dirige une petite entreprise de réparation de vélos à Barcelone. Lucia, sa compagne, issue d’un milieu aisé, est enceinte. Il va être papa. Originaire d’Afrique, Isaias évoque peu sa terre natale et son pays d’origine, l’Ouganda. Tout bascule le jour où une vieille connaissance, Emmanuel, vient lui rendre visite pour le convaincre de retourner au pays. Une grande conférence de réconciliation nationale doit s’y tenir et Emmanuel souhaite qu’Isaias y participe afin d’apporter son témoignage sur son parcours d’enfant soldat enlevé et enrôlé de force par la guérilla. De sombres archives personnelles que le jeune homme ne souhaite pas ouvrir. Pourtant, il accepte car on ne peut fuir éternellement son passé et, surtout, comment construire un avenir sur des fantômes, des mensonges ? Un périple à rebours commence au risque de tout perdre. Pour l’auteur, tout est affaire de rencontres. Dans sa propre vie, ses écrits. Il questionne, s’interroge. Dans ce roman, il surpasse le simple récit à « 90% » véridique pour donner à lire le destin d’un enfant soldat, victime et bourreau. De l’Ouganda à Barcelone, une vie pleine de doutes, de crimes et de douleurs et d’envie de comprendre, de se comprendre. De pardonner et de se pardonner. Mais aussi une existence à construire, à bâtir, des joies et l’amour, enfin et surtout. Pour les lecteurs, tout est affaire de rencontres. Víctor Del Árbol a connu le succès en France avec son premier roman publié, La Tristesse du samouraï (Babel noir). D’autres, tout aussi remarquables, ont suivi. De très nombreux prix en France, un prix Nadal, le Goncourt espagnol, pour La Veille de presque tout (Actes Sud et Babel noir). Consécration ? Pas encore. Pour les libraires tout est affaire de rencontres. Avec un texte d’abord, un auteur ensuite. Le roman de la rentrée, je le pense. Un futur classique je le sais !

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