Polar

Jo Nesbø

Le Léopard

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photo libraire

Chronique de Jérôme Dejean

Librairie Les Traversées (Paris)

Le Léopard, c’est le retour fracassant de Jo Nesbø et de son flic récurrent, Harry Hole. C’est aussi l’occasion de tordre le cou à tous les poncifs sur le polar nordique.

Le Léopard est certainement le chaînon manquant qui va permettre à son auteur d’accéder au pinacle des tous meilleurs… mondiaux. Sur le papier, pourtant, rien que du très classique : un flic miné et toxico, un tueur en série frappadingue et machiavélique, une traque qui nous emmène d’Hong Kong à Oslo en passant par le Rwanda et le Congo, des fausses pistes à foison, une lutte de pouvoir entre polices… Que du classique, dites-vous ? En réalité, la machine Nesbø est un turbo diesel, ça ronronne un peu au début, et puis brusquement ça s’emballe et vous voila emportés inexorablement au long de presque 800 pages de maîtrise sidérante. Car dans ce Léopard, rien n’a été laissé au hasard. Le rythme alterne entre piétinements et accélérations, séances de brainstorming et scènes d’actions, dialogues qui claquent et tempête sous un crâne. Les personnages sont également incroyables de vérité, les policiers qui entourent Harry, les « méchants », les victimes qui, en quelques lignes, prennent une consistance, une épaisseur : existent ! Et puis il y a Harry Hole, en perdition, profondément humain. Nesbø le casse, l’enterre, le détruit sous nos yeux pour mieux le faire renaître de ses cendres et lui donner une vérité, une justesse rarement égalée. C’est magistral.

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