Polar

Víctor del Arbol

La Tristesse du Samouraï

photo libraire

Chronique de Jérôme Dejean

Librairie Les Traversées (Paris)

La Tristesse du Samouraï emprunte à l’Hagakure, le livre « sacré » des samouraïs. Honneur, famille, sens du sacrifice, courage, allégeance, toutes les valeurs du bushido traversent ce roman, le transpercent de part en part. C’est un livre beau et triste, profondément mélancolique, violent dans la force des sentiments qu’il évoque, qu’il invoque. Funèbre aussi : les vivants et les morts ne cessent de se télescoper, marionnettes entre les mains d’un manipulateur fou et malsain. Le roman est gris. Les zones d’ombre se déchirent parfois, mais la lumière ne vient jamais totalement réchauffer les corps. Les souvenirs se font pesants, l’avenir reste douteux : pas de chapitres sans une information, pas de scènes sans une révélation. Le lecteur est sans cesse aux aguets, à l’image des protagonistes, et partage leur inconfort. Compartimenté, minutieusement rangé, à la fois contenant et contenu, La Tristesse du Samouraï c’est aussi La Vague d’Hokusai, un déferlement, des flots déchaînés qui menacent de tout engloutir.

 

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