Littérature française

Olivier Adam

Une partie de badminton

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Chronique de Madeline Roth

Librairie L'Eau vive (Avignon)

Depuis quelques années, et notamment Les Lisières (Flammarion et J’ai Lu), Olivier Adam se coltine au réel : son dernier livre est très fortement ancré dans les crises présentes, dans le politique et le social. On y croise Nicolas Hulot et Emmanuel Macron, une lycéenne tentée par le Djihad en Syrie et un départ d’incendie au centre d’accueil des réfugiés. Après un épisode parisien, la famille de Paul revient vivre à Saint-Lunaire, en Bretagne. Sarah a obtenu sa mutation dans un lycée de la banlieue rennaise et enseigne bénévolement le français aux réfugiés de Cancale. Clément passe son temps à surfer et Manon, qui leur en a beaucoup voulu de ce déménagement, commence à leur échapper complètement. Les attentats de Charlie et du Bataclan ont lesté Paris « d’une douleur et d’une tristesse durables ». Le premier chapitre s’intitule « En cale sèche » et c’est ainsi que s’ouvre ce roman : Paul Lerner, double de l’écrivain, a trouvé un emploi de journaliste dans un petit quotidien local. Olivier Adam s’amuse à s’inventer des doubles et à brouiller les pistes entre fiction et réalité : après la vie parisienne, les années de succès et d’amour, la famille revient sur le littoral breton et c’est aux prises avec un « tenace sentiment qu’échec » que Paul avance dans le récit. On pense parfois aux héros malmenés de Philippe Djian ou de Jean-Paul Dubois. « Ils avaient joui des paysages, les enfants avaient poussé entre les champs et les plages (…) mais quelque chose clochait, ils avaient mis un bon moment à mettre des mots dessus et puis ça leur avait sauté à la figure, c’était simple au fond, ils s’emmerdaient un peu. Et puis ils se sentaient vieillir. » Olivier Adam signe ici l’un de ses plus beaux romans, un texte sur l’amour, l’âge, la famille, mais aussi la manière dont on se confronte, chacun comme on peut, avec ce qui survient – l’adultère, l’insuccès – et ce qui nous dépasse.

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