Jeunesse

Olivier Ka

Janis est folle

illustration

Chronique de Madeline Roth

Librairie L'Eau vive (Avignon)

Titouan court après une enfance qui lui échappe à force de prendre soin de cette mère folle. Cette mère qu’il veut malgré tout aimer, protéger. Un très beau texte, sombre, tranchant.

Janis, la mère de Titouan, est folle. Une femme perdue, qui emporte son fils dans son errance. Il ne va plus au lycée, ils dorment ici ou là, dans la voiture. Chaque tentative d’aller mieux se transforme en échec. Janis foire tout. Elle l’entraîne bientôt dans des vols et on sent bien que les rôles sont inversés, qu’elle est l’enfant et lui l’adulte qui veille sur elle. Il n’a pas le choix. Cela revient comme un refrain tout au long du roman : « On risque rien tant qu’on est ensemble ». Mais c’est une cavale, avec ses moments d’euphorie, ses parenthèses, ses souffles. On dévore les pages avec un sentiment d’urgence. Lorsque Janis emmène Titouan chez sa grand-mère qu’il ne connaît pas, on se dit que, peut-être, on va pouvoir souffler un peu. Que c’était la décision à prendre, que les choses vont pouvoir s’arranger. En réalité, ce sera pire. Car Titouan apprendra un lourd secret de famille, puis lui et sa mère repartiront sur les routes, avec un poids en plus. Olivier Ka écrit depuis longtemps des romans ainsi que des scénarios de BD (Pourquoi j’ai tué Pierre, avec Alfred, chez Delcourt). Son dernier texte est rempli d’images. Si les catastrophes s’enchaînent jusqu’au drame ultime, on espère malgré tout une fin heureuse, apaisée.

Les autres chroniques du libraire