Beaux livres

Chloé Demonet

Sauvegarder l'art français

illustration

Chronique de Isabelle Aurousseau-Couriol

Librairie de Paris (Saint-Étienne)

En publiant cet ouvrage, les éditions du patrimoine nous entraînent dans la grande aventure du sauvetage du patrimoine français, celui d’artistes célèbres mais aussi celui caché au fond de nos campagnes, abandonné, délaissé par un public indifférent ou non averti.

En 2021, la « Sauvegarde de l’Art Français » a soufflé ses 100 bougies, 100 ans de combats pour protéger le patrimoine de notre pays. La loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905 met fin au financement des cultes et les conséquences matérielles de celle-ci concerneront en priorité le patrimoine religieux. De plus, à la fin de la Première Guerre mondiale, la mode de la sculpture de style gothique est en vogue et un marché international à destination des collectionneurs, en particulier américains, se développe. Face à cette menace qu’il nommera l’elginisme (en se référence à Lord Elgin qui dépouilla le Parthénon de ses frises pour les exposer en Grande-Bretagne), est créée une association, « La Sauvegarde de l’Art Français », par le duc de Trévise dès 1921. Il s’entoure de personnalités de la noblesse mais aussi d’experts de l’art et conservateurs. L’argent reste le nerf de la guerre évidemment et le duc de Trévise n’hésitera pas à faire la tournée des États-Unis à la recherche de mécènes pour les inciter à protéger et restaurer les œuvres d’art et bâtiments sur leur sol plutôt que de les acheter pour leur collection. La marquise de Maillé, présente dès le début du comité, s’impliquera principalement dans le secours aux églises rurales. Les membres de la Sauvegarde vont favoriser l’inscription et le classement des biens aux Monuments historiques pour leur protection d’abord mais surtout pour éviter le vol et leur vente. Ils vont également faire évoluer la législation autour du patrimoine artistique. De très nombreuses photographies vont être entreposées et constituent en elles-mêmes un fonds exceptionnel. En incitant le mécénat des entreprises, en sensibilisant le grand public, de nombreux lieux vont pouvoir retrouver leur destination première en privilégiant toujours une restauration simple au plus proche des créations. Depuis 2013, des étudiants de Sciences Po motivés se lancent dans l’opération « Le Plus Grand Musée de France », participant ainsi à cette grande cause. Enfin, depuis ses débuts, l’association devenue aujourd’hui Fondation, prend soin de faire parler de ses actions, d’abord avec un Bulletin puis avec des Cahiers de la Sauvegarde. Elle attribue aussi des prix comme le Prix Lambert pour aider à la publication de thèses de recherche, autour de l’histoire de l’art par exemple. Richement illustré, cet ouvrage vous fera découvrir l’engagement de ces hommes et de ces femmes pour la protection de cet héritage artistique ainsi que de nombreuses réhabilitations.

 

Les autres chroniques du libraire