Littérature étrangère

Marina Stepnova

Les Femmes de Lazare

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Chronique de Isabelle Aurousseau-Couriol

Librairie de Paris (Saint-Étienne)

Les Femmes de Lazare nous entraîne dans une Russie en pleine mutation, où l’argent règne, laissant peu de place à ceux qui recherchent autre chose.

Le roman de Marina Stepnova a remporté le Big Book Prize 2012, le plus grand prix littéraire russe. L’histoire commence par un tragique accident de baignade. Une petite fille voit sa mère se noyer. Elle s’appelle Lidia. Son père, durement éprouvé par le décès de son épouse, ne peut s’en occuper et elle est prise en charge par sa grand-mère paternelle Galina, qu’elle n’a jamais rencontrée. C’est une très belle femme, peu aimante, autoritaire, égoïste. Elle découvre aussi le monde de la nomenklatura, bien loin de celui de ses parents, simples employés, son père s’étant séparé de ses parents indifférents et opposés à son mariage. Elle apprend enfin qu’elle est la petite-fille de Lazare Lindt, brillant autodidacte, académicien et éminent savant atomiste. L’histoire se noue à travers les portraits des différentes « femmes » de Lazare. Il y a d’abord Maroussia, la femme de son professeur, qui représente surtout pour lui l’idéal féminin et l’épouse incomparable, celle qui sait être aux petits soins pour son mari. Ensuite, il y a Galina, jeune scientifique qu’il rencontre par hasard et qu’il enlève à son laboratoire pour l’épouser sur-le-champ. Elle est pourtant bien différente de Maroussia et plus intéressée par ses toilettes et les antiquités qu’elle achète que par son ménage et son fils. Chacune représente aussi les deux facettes de la Russie, celle d’avant la révolution de 1917 et celle de la richesse et des classes privilégiées de la nouvelle élite communiste. Lidia passe une enfance sans amour, douloureuse, traumatisante, dans une société en pleine mutation. Ce roman, très russe dans sa facture (des noms composés, des personnages innombrables…), nous fait traverser le xxe siècle.

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