Littérature française

Michel Quint

Les Amants de Francfort

illustration

Chronique de Isabelle Aurousseau-Couriol

Librairie de Paris (Saint-Étienne)

S’inscrivant dans la continuité d’Effroyables Jardins, Michel Quint explore les secrets de la Seconde Guerre mondiale, ceux qui transforment des hommes entraînés malgré eux dans le tourbillon de l’histoire, et perturbent les générations suivantes.


Le roman de Michel Quint s’ouvre sur le Salon du livre qui se déroule chaque année à Francfort. Florent Vallin, le personnage principal, est un jeune éditeur français qui remporte un certain succès. Désireux de faire connaître son catalogue et de réussir quelques affaires, il se rend à Francfort où il ne tarde pas à être pris en main par un confrère américain. Celui-ci l’entraîne dans les coulisses de la grande messe éditoriale, lui présentant des personnalités fantasques, lui dévoilant les excès et les coups bas qui caractérisent parfois le fonctionnement de ce monde superficiel auquel il arrive d’être plus proche de la fête que de la littérature. Mais rien ne se déroule comme prévu. Florent Vallin rencontre une superbe brune, Léna, éditrice munichoise dont il tombe éperdument amoureux, tandis que les festivités de Francfort sont endeuillées par le meurtre de deux éditeurs dans leur chambre d’hôtel. Pour autant, Michel Quint ne s’aventure ni dans la bluette ni dans le roman policier. La seconde partie du roman nous ramène dans le Nord de la France, à Lille, d’où Florent est originaire et où il retrouve sa femme, Clémence, dont il est séparé. Celle-ci vient d’apprendre qu’elle a une tumeur au cerveau et que ses jours sont comptés. Nous faisons également connaissance avec sa mère, veuve depuis l’assassinat de son mari en Allemagne, un meurtre dont serait apparemment responsable la bande à Baader. Au cours de leurs retrouvailles, Clémence lui soumet une requête : en triant des archives familiales, elle est tombée sur des documents concernant son grand-père, également mort en Allemagne où il avait été déporté pendant la guerre. Très vite, Florent est confronté à de douloureuses découvertes. Il s’aperçoit que son propre père avait jadis enquêté sur la mort du grand-père de sa belle-fille, et que la déportation de ce dernier n’a rien à voir avec les camps de concentration, mais bien plutôt avec le STO (service du travail obligatoire). Florent est de plus en plus persuadé que cette obscure affaire dissimule un secret honteux… et que la mort de son père a d’autres origines que le simple motif politique.


Avec ce roman, Michel Quint aborde un sujet sensible, celui du STO, plus particulièrement du service du travail obligatoire volontaire et de la honte éprouvé par ceux qui y participèrent, parfois sciemment. L’auteur dépeint aussi les années 1970 en Allemagne, où la lutte engagée par certaines factions d’extrême gauche se traduisait éventuellement par des alliances contre-natures avec d’anciens nazis.

Les autres chroniques du libraire