Essais

Jean Grégor , Pierre Péan

Comme ils vivaient

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Chronique de Isabelle Aurousseau-Couriol

Librairie de Paris (Saint-Étienne)

Quand un père propose à son fils de participer et de l’aider à écrire son livre, cela donne une jolie réussite. L’échange entre un journaliste d’investigation et un romancier permet de nous faire réfléchir à ce passé pas si lointain.

Il y a quelques années, Jean Grégor écrit une pièce de théâtre autour d’un Allemand, Karl Jäger. Ce colonel SS était responsable au sein des Einsatzgruppen de la liquidation des Juifs de Lituanie. En bon bureaucrate, il a laissé un rapport consignant les morts, détaillant les dates et les lieux des exécutions, le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants tués : 137 346 victimes en quelques mois. Le romancier se pose la question de savoir qui étaient ces juifs lituaniens. Comment vivaient-ils avant la guerre ? Son père, Pierre Péan, lui propose son aide dans cette recherche. En quelques dizaines d’années, la Lituanie passera des mains polonaises à celles des Soviétiques puis des Allemands. Vilnius, la capitale actuelle était polonaise sous le nom de Wilno. Celle que Napoléon a surnommé la Jérusalem de l’Est est un centre intellectuel de premier ordre, pôle religieux et citadelle du yiddishland. C’est à travers des rencontres de descendants de ces juifs lituaniens que leur travail commence. Ceux-ci n’ont souvent que quelques photos, quelques souvenirs arrachés à leurs parents. Ces derniers n’ont souvent pas voulu raconter et partager l’indicible. Les survivants témoignent de ce monde disparu mais aussi des souvenirs douloureux de la Seconde Guerre mondiale. Alors se pose la question du pourquoi ? Quels sont les desseins de ces meurtriers ? Jean Grégor et Pierre Péan se tournent vers les historiens, les juristes pour tenter de trouver une réponse. Au cours de leurs voyages en Allemagne et en Lituanie, ils rencontrent des personnes, jeunes ou moins jeunes, étudiants ou pas, qui cherchent à rétablir une vérité que tous n’ont pas envie d’entendre et qui veulent la partager pour lutter contre l’oubli.

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