Littérature française

Nicolas Carreau

L'Affaire Alfred Langevin

✒ Stanislas Rigot

(Librairie Lamartine, Paris)

Porté par un humour tout en dentelle et une fantaisie du meilleur effet, le deuxième roman de Nicolas Carreau offre, au travers de sa rocambolesque histoire, une bouffée d‘humanité des plus réjouissantes.

Bienvenue à Belprat, petite bourgade située au fin fond de l’Èvre-et-Maine. Longtemps tranquille, pour ne pas dire endormi, le village s’est retrouvé dernièrement au cœur de la tourmente, subissant une succession d’événements plus incroyables les uns que les autres qui ont provoqué jusqu’à la visite de représentants de la presse internationale. Heureusement le calme semble être revenu et Adémar Flanne, directeur de la rédaction du quotidien Le Matin de Belprat, se lance dans l’écriture d’un livre où il promet à ses futurs (et nombreux) lecteurs de révéler les tenants et les aboutissants de ce qu’il est désormais convenu d’appeler « l’affaire Alfred Langevin », du nom de ce jeune apprenti journaliste qui, un jour, est venu frapper à la porte de la rédaction pour se faire embaucher et qui, après un passage plutôt réussi aux petites annonces, était devenu reporter avant de, peut-être, mal tourner. Jouant avec les codes du roman policier (et ce, dès la scène d’ouverture et la découverte des os d’une main dans le jardin de Geneviève Boussac), le roman, au gré de délicieuses digressions et de rencontres avec des personnages plus improbables et attachants les uns que les autres, se déploie sans jamais tomber dans la parodie. Avec ses allures de récit hors du temps (nous sommes en 1994 mais le livre débute avec l’intervention d’un garde champêtre), L’Affaire Alfred Langevin réveille le fantôme des frères Coen comme celui de Richard Brautigan, rappelle les envolées d’Amélie Poulain comme celles de Miguel Bonnefoy (qui est un fan du livre), pour nous offrir un voyage inclassable porté par une bonne humeur communicative, au cœur de ces vies soudainement malmenées. L’illustration de la couverture, des plus réussies, capte à merveille cet univers particulier.

Les autres chroniques du libraire