Littérature française

Fabrice Caro

Journal d’un scénario

✒ Stanislas Rigot

(Librairie Lamartine, Paris)

Alors que son Astérix est attendu pour fin octobre, Fabrice Caro nous offre une comédie décapante sur le monde du cinéma et sur les dommages collatéraux de certains principes de réalité.

Boris vit ce qui est peut-être le plus beau jour de sa vie puisque Jean Chabloz, le grand producteur, a décidé de faire un film avec son dernier scénario, « Les Servitudes silencieuses ». Cette histoire d'amour brûlante sera racontée en flash-back, avec une construction ambitieuse, éclatée, servie par un noir et blanc « au grain très dense » et parsemée de nombreuses références cinématographiques qu'appuieront des dialogues très écrits. Et pour Boris, une évidence s'impose : ce couple devra être incarné par Louis Garrel et Mélanie Thierry. Quelques jours plus tard, dans un incroyable alignement des planètes, lors d'une soirée chez son meilleur ami, il rencontre Aurélie, une professeure en études cinématographiques dont les yeux se mettent à briller à l'évocation du projet de film et de son casting cinq étoiles. Boris qui sort d'un grand désert sentimental est aux anges. Bien évidemment, pour le plus grand malheur de Boris (et, il va sans dire, pour le plus grand bonheur du lecteur), rien ne va se passer vraiment comme prévu. Pour nous raconter ce voyage pour le moins chaotique de Boris au pays du 7e art, Fabrice Caro utilise la forme du journal intime, celui tenu par le héros, du jour où il rentre de chez Jean Chabloz avec l'accord pour le film. Ce journal, destiné autant à être la chronique de l'aventure qui débute qu'à recueillir les réflexions artistiques de son auteur, devient l'hilarant récit de la descente aux enfers d'un homme qui, face aux surprises, épreuves et autres coups du sort, essaye de faire contre mauvaise fortune bon cœur, colmatant comme il peut les fissures qui apparaissent ici et là, de plus en plus nombreuses, avec une bonne volonté désarmante et un aveuglement certain. Et les sourires d'ouverture de laisser la place à de francs éclats de rire.

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