Littérature étrangère
Don DeLillo
Zero K
-
Don DeLillo
Zero K
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Francis Kerline
Actes Sud
06/09/2017
297 pages, 22,80 €
-
Chronique de
Stanislas Rigot
Librairie Lamartine (Paris) -
❤ Lu et conseillé par
5 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Michel Edo de Lucioles (Vienne)
- Nicole Legrand de Graffiti (Castres)
- Anne-Sophie Rouveloux
- Magali Mohamed
✒ Stanislas Rigot
(Librairie Lamartine, Paris)
Un homme est convié par son richissime père à venir assister, dans un centre hi-tech au milieu d’un désert, à la mort de sa belle-mère. Glaçant et pourtant empreint de cette poésie si particulière à son auteur, Zero K hypnotise.
Il est âgé de 81 ans. Certains de ses romans sont considérés comme des pierres d’angle de la littérature contemporaine (Outremonde, Bruit de fond, disponibles en poche chez Babel). Il a reçu les plus hautes récompenses que l’on puisse décerner à un écrivain, du Pen Faulkner Award au Library Congress Prize (à l’exception d’un Nobel qui, ces dernières années, n’aime les Américains qu’avec une guitare). Et pourtant, loin de prétendre à une retraite méritée qui pourrait lui permettre de causer chiffon et apocalypse avec Philip Roth, Don DeLillo poursuit avec son dix-septième roman l’auscultation inquiète d’un monde qui semble toujours être à la recherche de sa prochaine malédiction. Zero K met ainsi au centre de son récit la mort : la mort en tant que telle, la mort et la perception que nous en avons ; la mort et l’insupportable défi qu’elle lance inlassablement aux partisans de l’immortalité qui prétendent pourtant un peu plus chaque jour à la victoire, convoquant sciences, argent et mystérieuses forces intérieures. Le cadre de Zero K est une étrange clinique dont la conception a oscillé entre technologie de pointe et art contemporain (marotte de l’auteur). Celle-ci est nichée au fin fond de nulle part. Trois personnages centraux : notre héros, son père, homme d’affaires à la fortune colossale, revenu de tout, et sa belle-mère qui est atteinte de plusieurs maladies dont l’issue ne laisse aucun espoir. Elle a choisi de se faire cryogéniser avant qu’il ne soit trop tard. Plus clairvoyant que jamais (son effroyable lucidité), Don DeLillo interroge notre rapport à cette fin, remontant jusqu’à saint Augustin, avec ce style unique, cette langue de collision de pensées et d’images qui fait de lui un écrivain unique.