Littérature
José Carlos Somoza
Tétraméron
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José Carlos Somoza
Tétraméron
Traduit de l’espagnol par Marianne Millon
Actes Sud
04/02/2015
248 pages, 21,50 €
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Chronique de
Michel Edo
Librairie Lucioles (Vienne) -
❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Michel Edo de Lucioles (Vienne)
- Delphine Bouillo de M'Lire (Laval)
- Hugo Latreille de Nouvelle (Asnières-sur-Seine)
- Eve Bohu de Chimère (Chatillon)
✒ Michel Edo
(Librairie Lucioles, Vienne)
Un roman de Somoza, c’est une porte qui ouvre sur un espace inconnu. Derrière le titre mystérieux de son dernier livre, se cachent des univers imaginaires, qui, toujours, entrent en résonance avec notre actualité.
Soledad est une adolescente complexée, intelligente et réservée. Elle porte en elle le sentiment terrifiant de se croire invisible, comme si elle était un fantôme aux yeux de ses camarades. Peut-être parce qu’elle est la seule à questionner le monde qui l’entoure, tandis que les autres ne s’intéressent qu’à eux-mêmes. Lors d’un voyage de classe dans un ermitage, alors qu’elle s’est écartée du groupe, elle pousse une porte close au bas d’un escalier, puis pénètre dans une pièce où quatre adultes, deux hommes et deux femmes, sont assis autour d’une table décorée de deux salamandres. À tour de rôle ils racontent des histoires, des contes inquiétants, mystérieux, édifiants, où entre en jeu l’éternelle question de la tentation du mal. Dans une mise en scène cruelle, les conteurs interrogent Soledad sur le sens de leurs histoires, lui tendent des pièges et l’obligent, chaque fois qu’elle se trompe, à ôter l’un de ses vêtements. Le jeu se transforme progressivement en rite et Soledad, plus que de ses habits, va se défaire des oripeaux de l’enfance et de ses croyances pour entrer dans l’univers des quatre conteurs. Et nous, lecteurs, nous nous prenons au jeu machiavélique de ces paraboles gothiques pour en découvrir le sens caché, car dans ce livre, tout n’est que faux-semblants et miroirs déformants. Comme en toute chose.